Sunday, June 5, 2016

Le 5 juin 2016. L'humanisme turc contemporain.



L'homme politique qui a besoin du secours de la religion pour gouverner n'est qu'un lâche. Or, jamais un lâche ne devrait être investi des fonctions de chef de l'Etat.
- Mustapha Kémal Atatürk.

Rien n'arrête le progrès. Il s'arrête tout seul.
- Alexandre Vialatte.

A l'occasion de la journée internationale de la femme, en mars dernier, le président turc Erdogan formulait quelques évidences en l'an de grâce 2016 : la femme est avant tout une pondeuse, euh, pardon, une mère; la notion d''égalité hommes-femmes est "contre nature"; et, bien entendu, l'avortement un crime contre l'humanité. Quant à la contraception… elle est indigne de toute famille musulmane.

Le public apprend maintenant, de la bouche même de madame Erdogan, qui, ainsi que ses deux filles, porte fièrement son hijjab - pour faire bonne figure - que le harem de l'époque de l'empire ottoman était une "école de vie" pour ses jeunes, jolies et fraîches pensionnaires. (Aussi, on l'aura compris, pour ses surveillants masculins, mais eunuques.)

Avec un tel modèle en matière de pédagogie féminine, comment nier, en effet que, pour les musulmanes vivant en Occident - surtout aux Etats-Unis et au Canada - le port du hijjab ou même du niqab, constitue une démarche entièrement volontaire, sans qu'il y ait de pressions familiales? Que ce sont surtout les fillettes de 10 ans - déjà nubiles selon la charia - qui revendiquent sciemment ce merveilleux "symbole identitaire", même en classe?

Quel palmarès pour le couple présidentiel turc. Mais il y a plus.

"Cheikh" Recep lui-même porte plainte, en Allemagne, pour injure à un chef d'Etat étranger, contre l'humoriste Jan Böhmermann, qui a récité publiquement son savoureux poème le comparant à un pédophile (peut-être une allusion occulte au mignon petit Youssouf du "Christ recrucifié" de Nikos Kazantzakis…) et à un amateur d'accouplements avec des petits bovidés à barbichette au regard langoureux. (Le sens de l'humour des Allemands est légendaire, mais il ne s'inspire pas toujours des mots d'esprit d'un Sacha Guitry ou d'un Oscar Wilde). Vu que la chancelière Angela Merkel a donné son feu vert, mieux, sa bénédiction, à cette poursuite, on peut dire que l'épigramme du comédien teutonique était, somme toute, prémonitoire : le calife Erdogan a trouvé en elle mieux qu'une chèvre (à défaut de bouc) docile.

Une levrette bien réceptive.

(Le Bundestag, lui, l'a un peu déçu en approuvant la résolution commémorant le génocide arménien de 1915, faisant ainsi fi des menaces de mort proférées contre certains députés; mais son suave sourire de tombeur de ces femelles ne séduit pas à tous les coups.)
                          
Chose certaine, on peut désormais oser espérer que la république ottomane aura, dans un avenir prévisible, outre une première dame, au moins une deuxième.

Âgée d'au moins 9 ans révolus, avec ou sans cornes.

LP

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