Monday, July 27, 2015

Le 27 juillet 2015. La France est revenue à l'an 1984.




Tous les arts ont produit des merveilles : l’art de gouverner n’a produit que des monstres.
- Louis Antoine de Saint-Just.

Tomorrow is another day.
- Scarlett O'Hara.

Au pays de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, le conseil constitutionnel vient de déclarer valide la scélérate Loi sur le renseignement promulguée récemment par l'assemblée nationale à l'instigation du très socialiste gouvernement de la République. (A quelques insignifiantes exceptions près : les "sages" du conseil ont le sens du marketing).

De manière générale, en matière pénale, surtout lorsqu'est invoquée la raison d'Etat, ce n'est un secret pour personne depuis l'affaire Dreyfus que les magistrats français sont plutôt enclins à accorder une généreuse marge de manœuvre aux forces policières, et, dans la foulée de la tuerie de Charlie-Hebdo, chacun a pu constater que la balance n'a pas toujours penché du côté de la protection des libertés publiques. Cette décision du conseil constitutionnel ne devrait donc surprendre que les naïfs.

C'est égal, on eût, tout de même, espéré une colonne vertébrale un peu moins caoutchouteuse chez ses membres; las, ils ont choisi de donner leur feu vert aux "boîtes noires" servant à la surveillance de masse.

Seule lueur d'espoir au bout du tunnel : l'on peut raisonnablement prévoir que cette loi liberticide sera un jour censurée par la seule juridiction vraiment indépendante, à savoir la Cour européenne des droits de l'homme. En effet, la France y est un des états les plus mal notés en matière de violations des droits de l'homme, notamment de non-respect du droit à un procès équitable. Il n'est pas rare de voir un justiciable persécuté par les autorités à tous les niveaux de la hiérarchie judiciaire française obtenir finalement gain de cause à Strasbourg.

Toutefois, là encore, il faudra attendre qu'une victime des techniques policières franco-staliniennes trouve l'énergie et les ressources financières pour se livrer à une épuisante course d'obstacles puisque la saisine de la CEDH est subordonnée à… l'épuisement des recours prévus par le droit français interne.

Naguère, le président François Mitterrand - le papa gâteau de Mazarine Pingeot - avait à l'Elysée son "cabinet noir" de sinistre mémoire consacré à l'espionnage des opposants et des journalistes moins dociles, mais qui agissait en toute illégalité. Aujourd'hui, les "boîtes noires" bénéficient d'un vernis pseudo-légal.

Le spectre du conventionnel Cambacérès ne peut qu'être fier de voir son héritage, la Loi des suspects de 1793, repris et actualisé par le premier ministre Valls, même si celui-ci sait fort bien que son texte attirera éventuellement les foudres des juges de la Haute Cour européenne. Mais il a fait le répugnant pari d'instrumentaliser le terrorisme et de "jouer la procédure" contre la population. De toute manière, les "boites noires" resteront opérationnelles pour quelques années encore.

A chaque jour suffit sa peine.

Les Canadiens, eux, peuvent espérer subir moins longtemps le joug de la Loi antiterroriste de 2015.

LP



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