Monday, July 20, 2015

Le 20 juillet 2015. Le problème de la double allégeance : un piège à cons.



Je crois beaucoup aux symboles. Ne serait-ce qu’à l’égard de nos gamins.
- Nicolas Bedos.

Dans son autobiographie, modestement intitulée Le courage de ses convictions (à la troisième personne), laquelle doit paraître le 1er août prochain, Thomas Mulcair révèle que s'il devient premier ministre du Canada, il renoncera à la nationalité française qu'il a acquise par son mariage.

Voilà relancée la controverse concernant le soi-disant problème de conflit d'intérêt, dont fit les frais en 2006 l'ex-chef du parti libéral, Stéphane Dion. Alors que plusieurs personnalités politiques canadiennes sont aussi citoyens anglais, américains, etc., apparemment seule pose problème, au Canada, la nationalité française.

M. Mulcair prétend suivre le "précédent" qu'aurait établi Michaelle Jean, afin de rejeter l'image de la double allégeance, "même symbolique"... On regrettera que ce fin juriste n'a pas jugé bon de respecter le principe déontologique de base portant qu'un avocat ne doit pas passer sous silence la jurisprudence contraire; en l'occurrence, il a fait abstraction de l'ex-premier ministre canadien John Napier Turner, né en Angleterre de père anglais et de mère canadienne. (D'ailleurs, dans un premier temps, M. Dion s'est appuyé sur la "jurisprudence Turner", même si, au final, les peu édifiants débats entourant sa propre nationalité française aboutirent à sa veule capitulation de principe.)

Cela dit, ce dernier développement est peut-être… symbolique du statut des deux nations fondatrices coexistant dans l'Etat canadien. Surtout quand on racole les électeurs rednecks de l'ouest canadien.

Comme par hasard, environ 3 mois avant le déclenchement officiel des élections, nous avons droit à cette émouvante déclaration de loyauté purement canadienne de la part de M. Mulcair.

Toutefois, vu… Le courage de ses convictions (sic), on peut s'étonner de prime abord que le chef néo-démocrate n'a pas renoncé à sa citoyenneté française dès son élection comme député fédéral, a fortiori lorsqu'il a pris la direction de son parti. (On concèdera au passage que cette démarche ne s'imposait pas lorsqu'il était député et ministre au sein d'un gouvernement plus prosaïquement provincial, et cela vaut pour l'actuel grand chambellan québécois, Philippe Couillard de l'Espinay, baron de Jersey).

Que l'électeur canadien se rassure : l'on ne saurait y voir un manque de cohérence de la part de l'actuel chef de l'opposition à la Chambre des communes. Si Ottawa vaut bien une messe, il ne vend pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

LP

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