Wednesday, July 29, 2015

Le 29 juillet 2015. L'ADN de la politique.



Les peuples une fois accoutumés à des maîtres ne sont plus en état de s’en passer.
- Jean-Jacques Rousseau.

Dans une monarchie bien réglée, les sujets sont comme des poissons dans un grand filet, ils se croient libres et pourtant ils sont pris.
- Montesquieu.

Il y a, en Syrie, le dr Bachar al-Assad qui a succédé à son père Hafez.

La Corée du Nord est dirigée par le roi-philosophe, Kim Jong-un, qui a repris le sceptre de son père et de son grand père.

Aux Etats-Unis, il est difficile de ne pas penser immédiatement au mal-aimé de la famille Bush, Dubya, au regard hésitant de trisomique léger, un cancre admis aux universités Yale et Harvard et dispensé de Vietnam grâce aux interventions de papa, qui a arraché la présidence en 2000 (avec la complicité d'une cour suprême docile, il est vrai…), et à qui l'on doit, au final, la création de l'Etat islamique sur le cadavre de l'ex-allié Saddam Hussein. En outre, est à prévoir un autre duel Clinton-Bush en 2016 (sauf si, bien sûr, le milliardaire Donald Trump achète la nomination de son parti). Et faut-il rappeler qu'Andrew Cuomo, le gouverneur de l'Etat de New York, est le fils de Mario?

Le Canada, lui, est vraiment mieux loti. Quand on se compare, on se console.

On se s'appesantira pas sur la vétille que fut l'achat de l'avion de chasse F-35, aux qualités techniques douteuses, qui coûtera au contribuable canadien la bagatelle de 25 milliards de dollars au lieu de 9, par l'ex-ministre de la défense, le fils d'Elmer Mackay.

Il importe peu que le parti libéral a choisi pour chef, au terme d'un concours de beauté, le prince héritier Trudeau II, qui est tombé dedans quand il était petit; un clone de Tom Cruise qui a fait fructifier l'héritage (financier, pas politique) paternel par des conférences qui n'auraient attiré personne et qui n'aurait même pas pu être élu délégué syndical sans son illustre patronyme; il a beau avoir beaucoup appris jadis au cours des longues heures passées sur les pistes de ski, son plus récent titre de gloire est d'avoir accueilli à bras ouverts Eve Adams, la poupée Barbie transfuge.

Et voilà que la veuve du sympathique et regretté Jack "bon Jack" Layton annonce vouloir reprendre du service au Parlement canadien. C'est de haute lutte qu'Olivia Chow, ex-députée fédérale, candidate malheureuse à la mairie de Toronto, a gagné tous ses galons politiques au sein du NPD. Nul doute qu'elle a dû batailler ferme pour obtenir sa nomination dans Spadina-Fort York. Une rafraîchissante candidature.
                                                 
L'on ne peut donc que lui souhaiter bonne chance. Mais n'anticipons pas.

Après tout, le plus meilleur pays au monde n'est pas en campagne électorale.

LP


Monday, July 27, 2015

Le 27 juillet 2015. La France est revenue à l'an 1984.




Tous les arts ont produit des merveilles : l’art de gouverner n’a produit que des monstres.
- Louis Antoine de Saint-Just.

Tomorrow is another day.
- Scarlett O'Hara.

Au pays de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, le conseil constitutionnel vient de déclarer valide la scélérate Loi sur le renseignement promulguée récemment par l'assemblée nationale à l'instigation du très socialiste gouvernement de la République. (A quelques insignifiantes exceptions près : les "sages" du conseil ont le sens du marketing).

De manière générale, en matière pénale, surtout lorsqu'est invoquée la raison d'Etat, ce n'est un secret pour personne depuis l'affaire Dreyfus que les magistrats français sont plutôt enclins à accorder une généreuse marge de manœuvre aux forces policières, et, dans la foulée de la tuerie de Charlie-Hebdo, chacun a pu constater que la balance n'a pas toujours penché du côté de la protection des libertés publiques. Cette décision du conseil constitutionnel ne devrait donc surprendre que les naïfs.

C'est égal, on eût, tout de même, espéré une colonne vertébrale un peu moins caoutchouteuse chez ses membres; las, ils ont choisi de donner leur feu vert aux "boîtes noires" servant à la surveillance de masse.

Seule lueur d'espoir au bout du tunnel : l'on peut raisonnablement prévoir que cette loi liberticide sera un jour censurée par la seule juridiction vraiment indépendante, à savoir la Cour européenne des droits de l'homme. En effet, la France y est un des états les plus mal notés en matière de violations des droits de l'homme, notamment de non-respect du droit à un procès équitable. Il n'est pas rare de voir un justiciable persécuté par les autorités à tous les niveaux de la hiérarchie judiciaire française obtenir finalement gain de cause à Strasbourg.

Toutefois, là encore, il faudra attendre qu'une victime des techniques policières franco-staliniennes trouve l'énergie et les ressources financières pour se livrer à une épuisante course d'obstacles puisque la saisine de la CEDH est subordonnée à… l'épuisement des recours prévus par le droit français interne.

Naguère, le président François Mitterrand - le papa gâteau de Mazarine Pingeot - avait à l'Elysée son "cabinet noir" de sinistre mémoire consacré à l'espionnage des opposants et des journalistes moins dociles, mais qui agissait en toute illégalité. Aujourd'hui, les "boîtes noires" bénéficient d'un vernis pseudo-légal.

Le spectre du conventionnel Cambacérès ne peut qu'être fier de voir son héritage, la Loi des suspects de 1793, repris et actualisé par le premier ministre Valls, même si celui-ci sait fort bien que son texte attirera éventuellement les foudres des juges de la Haute Cour européenne. Mais il a fait le répugnant pari d'instrumentaliser le terrorisme et de "jouer la procédure" contre la population. De toute manière, les "boites noires" resteront opérationnelles pour quelques années encore.

A chaque jour suffit sa peine.

Les Canadiens, eux, peuvent espérer subir moins longtemps le joug de la Loi antiterroriste de 2015.

LP



Wednesday, July 22, 2015

Le 22 juillet 2015. Duplessis n'est pas tout à fait mort.



Électeurs, électrices, électricité!
- Maurice Duplessis.

Naguère, au Québec, dans les années cinquante, le premier ministre Duplessis racolait les électeurs avec des promesses de toasters et de réfrigérateurs, et aussi de routes et de ponts au tracé bien étudié. Plus récemment, en 2014, l'ex-première ministre Pauline Marois a recyclé cette technique en promettant une cimenterie à Port-Daniel en Gaspésie, pour le moins discutable sur le plan écologique, avalisée, au final, il y a quelques mois, par le gouvernement de Philippe Couillard de l'Espinay, baron de Jersey.

En juillet 2015, trois longs mois avant les élections fédérales, les familles canadiennes commencent à recevoir leur chèque de prestation universelle pour la garde d'enfants. Bonifié, bien entendu.

Quel émouvant tableau de voir le ministre Pierre Poilièvre, en short et revêtu d'un polo marqué du symbole du parti conservateur - alors que la campagne électorale fédérale n'est pas encore (officiellement) déclenchée - jouer au soccer avec des petits Canadiens et annoncer, non seulement que le père Noël fait des heures supplémentaires en été, mais aussi - sans rire - que ces chèques vont aider papa et maman à équilibrer leur budget (sans préciser toutefois un petit détail : papa et maman devront en rendre la plus grande partie au fisc l'an prochain).

Et quel plaisir de voir le ministre Steven Blaney poser, avec un sourire rayonnant, à côté des rotatives imprimant les chèques magiques. En l'occurrence, le père Noël a eu l'appui de la petite fée des dents.

Chose certaine, la technique d'"achat de vote" s'est considérablement affinée avec le très honorable Steven Harper. Alors que les routes et les cimenteries visent forcément (et grossièrement) des régions géographiques bien précises, la PUGE, elle, vise en principe tout le Canada; cependant, ses modalités sont minutieusement calculées de manière à cibler, sur le terrain, les papas et les mamans vivant dans les circonscriptions les plus susceptibles de basculer du côté conservateur.

Ont bien mérité de la patrie les statisticiens et actuaires du parti au pouvoir. Et aussi, conséquemment, M. Mulcair et le prince héritier Trudeau II, puisqu'ils promettent d'être encore plus généreux pour les chers petits Canadiens.

On n'arrête pas le progrès.

LP


Monday, July 20, 2015

Le 20 juillet 2015. Le problème de la double allégeance : un piège à cons.



Je crois beaucoup aux symboles. Ne serait-ce qu’à l’égard de nos gamins.
- Nicolas Bedos.

Dans son autobiographie, modestement intitulée Le courage de ses convictions (à la troisième personne), laquelle doit paraître le 1er août prochain, Thomas Mulcair révèle que s'il devient premier ministre du Canada, il renoncera à la nationalité française qu'il a acquise par son mariage.

Voilà relancée la controverse concernant le soi-disant problème de conflit d'intérêt, dont fit les frais en 2006 l'ex-chef du parti libéral, Stéphane Dion. Alors que plusieurs personnalités politiques canadiennes sont aussi citoyens anglais, américains, etc., apparemment seule pose problème, au Canada, la nationalité française.

M. Mulcair prétend suivre le "précédent" qu'aurait établi Michaelle Jean, afin de rejeter l'image de la double allégeance, "même symbolique"... On regrettera que ce fin juriste n'a pas jugé bon de respecter le principe déontologique de base portant qu'un avocat ne doit pas passer sous silence la jurisprudence contraire; en l'occurrence, il a fait abstraction de l'ex-premier ministre canadien John Napier Turner, né en Angleterre de père anglais et de mère canadienne. (D'ailleurs, dans un premier temps, M. Dion s'est appuyé sur la "jurisprudence Turner", même si, au final, les peu édifiants débats entourant sa propre nationalité française aboutirent à sa veule capitulation de principe.)

Cela dit, ce dernier développement est peut-être… symbolique du statut des deux nations fondatrices coexistant dans l'Etat canadien. Surtout quand on racole les électeurs rednecks de l'ouest canadien.

Comme par hasard, environ 3 mois avant le déclenchement officiel des élections, nous avons droit à cette émouvante déclaration de loyauté purement canadienne de la part de M. Mulcair.

Toutefois, vu… Le courage de ses convictions (sic), on peut s'étonner de prime abord que le chef néo-démocrate n'a pas renoncé à sa citoyenneté française dès son élection comme député fédéral, a fortiori lorsqu'il a pris la direction de son parti. (On concèdera au passage que cette démarche ne s'imposait pas lorsqu'il était député et ministre au sein d'un gouvernement plus prosaïquement provincial, et cela vaut pour l'actuel grand chambellan québécois, Philippe Couillard de l'Espinay, baron de Jersey).

Que l'électeur canadien se rassure : l'on ne saurait y voir un manque de cohérence de la part de l'actuel chef de l'opposition à la Chambre des communes. Si Ottawa vaut bien une messe, il ne vend pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

LP

Sunday, July 12, 2015

Le 12 juillet 2015. L'universalité de l'horreur.



Paradoxalement, j'étais optimiste en 1945, convaincu qu'il n'y aurait plus d'antisémitisme, ni de racisme, ni de guerre. Si quelqu'un m'avait dit que, de mon vivant, je devrais encore me battre contre cela, je ne l'aurais jamais cru… Les leçons du XXe siècle n'ont pas été tirées.
- Elie Wiesel.

Depuis 2001, en Occident, l'on dénonce, à bon droit, tous les actes de violence d'inspiration islamique.

Cependant, ces jours-ci, n'a droit qu'à quelques murmures feutrés l'anniversaire du massacre, à Srebrenica, de 8000 Bosniaques musulmans par les milices serbes. (Et encore :  n'eût été des huées et des jets de pierre visant le premier ministre serbe lors de la cérémonie, la commémoration de cette tragédie serait peut-être passée complètement inaperçue dans les médias).

Il y a deux décennies, le général Ratko Mladic, le très chrétien héritier spirituel des Einsatzgruppen d'antan, fut à la hauteur. D'autant plus que, au final, les bourreaux ont finalement remporté la victoire, ayant atteint leur sinistre objectif dans ce lieu maintenant maudit : l'épuration.

Nul n'a le monopole de la haine ethnico-religieuse, et des deux poids, deux mesures.

Et surtout pas de l'amnésie sélective.

LP