Les religions sont comme les vers luisants : elles ont
besoin de l'obscurité pour éclairer. Un certain degré d'ignorance générale est
la condition de toutes les religions.
- Schopenhauer.
L'homme a créé des dieux; l'inverse reste à prouver.
- Serge Gainsbourg.
Il y a quelques jours, le premier ministre du
Québec, Philippe Couillard de l'Espinay, baron de Jersey, a pu rencontrer le
pape François sur la place Saint-Pierre pendant 45 secondes - pas une de moins
- après s'être fait rôtir pendant plus de deux heures sous le plomb fondu du
soleil romain. Le miracle est sans doute que le premier ministre a tenu le coup
sans attraper une insolation; on comprend qu'il doit au pontife les prières que
celui-ci lui a demandées.
Sur sa lancée en Europe, il a ensuite pu
assister à Paris à la réception de Dany Laferrière à l'Académie française. On
relèvera que le nouvel immortel québécois a rendu hommage, avec son épée et son
discours de réception, à la divinité vaudou Legba, sous prétexte qu'il serait
le dieu des écrivains puisqu'il permet à un mortel de passer du monde visible
au monde invisible, puis de revenir au monde visible…
Dépeindre les croyances et pratiques
obscurantistes d'un autre âge qui persistent est légitime en littérature, à condition de
garder ses distances. Par contre, voir un auteur leur donner un semblant de respectabilité
est plus troublant.
La tragédie haïtienne est sans doute qu'un
peuple n'est sorti de l'odieux esclavage colonial que pour retomber sous la
coupe de tyrans autochtones, s'appuyant cette fois sur les suppôts de la
sorcellerie.
Il faudrait peut-être rappeler à
l'éminent romancier québécois que, au moins dans sa province d'adoption, contrairement
à ce que pourrait laisser croire le député de Roberval, les superstitions - catholiques
en l'occurrence - ont quand même perdu beaucoup de "visibilité" au
cours des 50 dernières années.
Sauf au Saguenay.
LP