Le 20 novembre 2024.
Charité
bien ordonnée commence par soi-même.
- François
Barthélemy Arlès-Dufour.
Il fut un temps où les instituteurs (et tous les enseignants d’ailleurs) de France et de Navarre, exerçaient leur sacerdoce sans compter les heures, et sans compter tout court. La transmission du savoir constituait une vocation.
Mais rien ne va plus dans la salle de classe du XXIe siècle. Le 8 novembre dernier, lors d’une conférence à Saint-Raphael, l’ex-président de la république dénonce, avec l’esprit décapant qui lui sied si bien, les privilèges des enseignants de l’heure qui manifestement n’ont plus grand-chose à voir avec le père de Marcel Pagnol :
Le statut du professeur des
écoles, c’est vingt-quatre heures par semaine, six mois de l’année. Eh
oui ! Entre les vacances et les week-ends !... Nous n’avons pas les
moyens d’avoir un million d’enseignants », encore que, magnanime, il apporte
cette nuance, avec une pointe d’ironie : « Alors, je sais
bien, il faut préparer les cours… Maternelle, grande section…
Il n’y a donc pas à regretter les nombreuses suppressions de postes sous sa présidence.
Pour lui, finis les instit’ d’antan comme M. Germain, qui consacra tout un été sous le soleil de plomb algérois à préparer le petit Albert Camus (et trois autres élèves) pour l’examen des bourses des lycées. Il eut du mal à plaider la cause du futur auteur de « La peste » et à vaincre la réticence de sa grand-mère, qui eût plutôt opté pour l’entrée immédiat en apprentissage. Mais l’accord fut scellé au terme de cet échange :
- Nous ne pourrons pas vous payer.
- Madame, Albert m’a déjà payé.
Par contraste, le calendrier de M. Sarkozy, communicateur hors pair, fin pédagogue, a toujours été chargé. En anglais, on parle du « lecture circuit ». Ce
leader visionnaire ayant dédié
sa vie au service public, largement reconnu pour son approche pragmatique et
décisive des sujets les plus cruciaux de notre époque - affaires étrangères,
sécurité nationale, économie et immigration
a permis à des auditoires entrepreneuriaux fort diversifiés à travers le monde (New York, Londres, Brasilia, Doha, Monaco, Brazzaville…) de tirer les leçons de sa vaste expérience politique. Ses brillants cours magistraux, parfois menés de front avec ses activités politiques, n’ont jamais donné lieu à quelque conflit d’intérêt que ce soit : il « paye des impôts » à la République, et il évite d’ailleurs les allocutions rémunérées en France. Sa remontrance du 8 novembre visant les profiteurs de l’Education nationale fut donc prononcée gratos, qu’on se le dise!
Côté probité, difficile de faire mieux.
Les pisse-vinaigre reprocheront à l’ex-premier magistrat de France des cachets allant de 75 000 à 200 000 euros (bruts, très bruts) par intervention, mais il va sans dire que ces modestes émoluments couvrent à peine ses frais d’exploitation et que ses maigres excédents sont largement destinés à diverses œuvres caritatives, par exemple les restos du cœur, dont on célèbre le 40e anniversaire.
Ce généreux et discret donateur, alias Paul Bismuth, opère en toute simplicité.
LP