Wednesday, November 20, 2024

Nicolas Sarkozy, le hussard noir de la Ve république.

Le 20 novembre 2024.

Charité bien ordonnée commence par soi-même.
- François Barthélemy Arlès-Dufour.

Il fut un temps où les instituteurs (et tous les enseignants d’ailleurs) de France et de Navarre, exerçaient leur sacerdoce sans compter les heures, et sans compter tout court. La transmission du savoir constituait une vocation.

Mais rien ne va plus dans la salle de classe du XXIe siècle. Le 8 novembre dernier, lors d’une conférence à Saint-Raphael, l’ex-président de la république dénonce, avec l’esprit décapant qui lui sied si bien, les privilèges des enseignants de l’heure qui manifestement n’ont plus grand-chose à voir avec le père de Marcel Pagnol :

Le statut du professeur des écoles, c’est vingt-quatre heures par semaine, six mois de l’année. Eh oui ! Entre les vacances et les week-ends !... Nous n’avons pas les moyens d’avoir un million d’enseignants », encore que, magnanime, il apporte cette nuance, avec une pointe d’ironie « Alors, je sais bien, il faut préparer les cours… Maternelle, grande section…

Il n’y a donc pas à regretter les nombreuses suppressions de postes sous sa présidence.

Pour lui, finis les instit’ d’antan comme M. Germain, qui consacra tout un été sous le soleil de plomb algérois à préparer le petit Albert Camus (et trois autres élèves) pour l’examen des bourses des lycées. Il eut du mal à plaider la cause du futur auteur de « La peste » et à vaincre la réticence de sa grand-mère, qui eût plutôt opté pour l’entrée immédiat en apprentissage. Mais l’accord fut scellé au terme de cet échange :  

-          Nous ne pourrons pas vous payer.

-          Madame, Albert m’a déjà payé.

Par contraste, le calendrier de M. Sarkozy, communicateur hors pair, fin pédagogue, a toujours été chargé. En anglais, on parle du « lecture circuit ». Ce

leader visionnaire ayant dédié sa vie au service public, largement reconnu pour son approche pragmatique et décisive des sujets les plus cruciaux de notre époque - affaires étrangères, sécurité nationale, économie et immigration

a permis à des auditoires entrepreneuriaux fort diversifiés à travers le monde (New York, Londres, Brasilia, Doha, Monaco, Brazzaville…) de tirer les leçons de sa vaste expérience politique. Ses brillants cours magistraux, parfois menés de front avec ses activités politiques, n’ont jamais donné lieu à quelque conflit d’intérêt que ce soit : il « paye des impôts » à la République, et il évite d’ailleurs les allocutions rémunérées en France. Sa remontrance du 8 novembre visant les profiteurs de l’Education nationale fut donc prononcée gratos, qu’on se le dise!

Côté probité, difficile de faire mieux.

Les pisse-vinaigre reprocheront à l’ex-premier magistrat de France des cachets allant de 75 000 à 200 000 euros (bruts, très bruts) par intervention, mais il va sans dire que ces modestes émoluments couvrent à peine ses frais d’exploitation et que ses maigres excédents sont largement destinés à diverses œuvres caritatives, par exemple les restos du cœur, dont on célèbre le 40e anniversaire.

Ce généreux et discret donateur, alias Paul Bismuth, opère en toute simplicité.

LP

 

Wednesday, November 6, 2024

Victoire de Donald Trump : les divagations de Franz-Olivier Giesbert.

Le 6 novembre 2024.

 

L'expérience est une lanterne qui n'éclaire que celui qui la porte.
- Louis-Ferdinand Céline.

L’ignorance ne s’apprend pas.
- Gérard de Nerval.

You ain't seen nothing yet!
- Ronald Reagan.

 

Janvier 1933 : Adolf Hitler.

Janvier 2025 : Donald Trump.

Parfois, les nations optent, de leur plein gré, pour le suicide. 

Dommage qu'elles en entraînent d'autres dans leur sillage. 

Mais que pense de tout ça l’éminent chroniqueur franco-américain Franz-Olivier Giesbert? 

Manifestement, être né aux Etats-Unis, surtout au Delaware, de père américain, n’assure pas forcément une bonne compréhension de la mentalité américaine. 

Dans un éditorial publié dans « Le Point » le 6 décembre 2024, en bref, FOG, attribue très sérieusement la défaire démocrate à une reprise de la stratégie de Hillary Clinton et à un discours élitiste, moralisateur.et communautariste. Mais voici la pire ânerie du commentateur : 

« Quant aux journalistes américains, ils semblaient souvent en mission, une mission de sauvetage de la démocratie et de l'Amérique en péril (sic!) Certains ont même fini par ressembler, avec un discours opposé, aux grotesques prédicateurs ou télévangélistes du camp trumpiste ».

A ses yeux, le venin rhétorique trumpesque n’avait donc rien de menaçant pour la démocratie. En outre, il faut croire que FOG avait absorbé des substances plus ou moins licites en visionnant les médias américains : si les éditorialistes ont évidemment exprimé des opinions plus personnelles, encore que justifiées, les journalistes (hors-FOX) se sont bornés, avec leur grand professionnalisme classique, à des analyses cliniques des mensonges répétés ad nauseam par Sa Majesté Orange.

En réalité, les démocrates ont exposé lucidement les enjeux sociaux de cette campagne : l’état de droit, les libertés publiques, notamment les persécutions, parfois mortelles, que subissent déjà les femmes enceintes, etc.. Peut-être auraient-ils pu  mieux expliquer le bon état de l’économie; et notamment rappeler avec insistance aux ménagères que l’inflation impactant leur panier d’épicerie est plutôt la conséquence de la pandémie, dont la gestion  sanitaire avait essentiellement été déléguée à l'autorité divine par l’administration Trump.

Cela dit, aux fins du débat, retenons charitablement les délires de FOG.

De toute manière, la campagne pro-Harris la plus efficace a été menée par nul autre que… Trump lui-même : l’électeur de bon sens qui l’entendait n’avait nul besoin de prendre connaissance du programme démocrate. Le rejet pur et simple de la folie furieuse devait suffire. Cela exclut forcément les rednecks consanguins évangélistes issus de la branche dégénérée des Néandertaliens et les minorités plus ou moins (in)visibles (comme les ressortissants de territoires consistant en des détritus flottants et les Afro-Américains friands de pastèques), qui aspirent à la qualité de « honorary WASP ».

Comme eux, FOG est vraiment dans le brouillard.

Il a donc toutes les qualités pour créer le service francophone de FOX.

LP

 

Sunday, November 3, 2024

Larbi Ben M’hidi n’était qu’un faux suicidé après tout.

Le 3 novembre 2024.


Noces sanglantes du terrorisme et de la répression où chacun s’autorise du crime de l’autre pour aller de l’avant dans une dialectique irrésistible.
- Albert Camus.

Au 70e anniversaire du déclenchement des événements… pardon, de la « guerre » d’Algérie, le président Macron, après avoir triomphalement déclaré que la terre n’est pas plate, reconnaît que l’un des fondateurs du FLN, capturé pendant la bataille d’Alger en février 1957, n’a pas quitté notre belle planète de son plein gré : il a bel et bien été assassiné en détention par l’armée française, plus précisément, par les sbires du général Aussaresses, lequel avait avoué les faits en 2001 dans un livre. Il ne fut alors que le docile bourreau aux ordres des politiques (élément subtilement éludé par l’actuel locataire de l’Élysée : les paras n’étaient que des « petites mains »…), dont l’ineffable et très socialiste Guy Mollet, alors président du conseil. Ce dernier recherchait sans doute une forme d’absolution des participants au « commando tomates » qui l’avait triomphalement accueilli à Alger le 6 février de l’année précédente : seul le sang de ce prisonnier pouvait laver son orgueil quelque peu maculé par les tenaces éclaboussures laissées par le fondant coulis jailli des pulpeux projectiles.

Voilà pour l’état de droit dans la doulce France de 1957.

Cela dit, parlant de bourreau, Ben M’hidi se voit souvent attribuer le sobriquet de « Jean Moulin » de la résistance algérienne. Nul ne saurait contester à cet homme de courage et de conviction ses immenses qualités d’organisateur militaire et politique, mais on peut se demander si « Max » eût donné son imprimatur à une stratégie comprenant l’utilisation de bombes tuant et mutilant atrocement au hasard des civils innocents fréquentant des lieux publics, de toutes races et religions.

Par la suite, l’état algérien, devenu l'impeccable incarnation  de la notion d’« état de droit » dès 1962, reprit librement, à son propre compte, le « modèle para » notamment pendant la « décennie noire » dans « sa » lutte « antiterroriste ».

Et qu'importe l'héritage colonial en matière de techniques policières : if it ain’t broken, don’t fix it.

La boucle était bouclée pour le spectre de M. Ben M’hidi.

LP