Monday, August 29, 2022

Convocation des électeurs québécois.

Le 29 août 2022.

La démocratie ne peut être définie comme l’existence de parlements et d’élections uniquement.
-Recep Tayyip Erdogan.
 

La campagne électorale a été officiellement lancée hier dimanche par le premier ministre québécois François Legault. Le scrutin aura lieu le 3 octobre prochain.

Qu’est proposé aux électeurs?

Le parti libéral du Québec, est dirigé par Dominique Anglade, la transfuge de la Coalition Avenir Québec (parti actuellement au pouvoir) à une époque où François Legault, alors dans l’opposition, ne pouvait évidemment lui offrir un portefeuille de ministre. Elle a alors raté non seulement la limousine ministérielle, mais le coche, chose un peu embarrassante pour une cheffe de parti qui revendique de nouveau aujourd’hui une expertise économique, mais d’un parti qui est devenu le porte-parole ethno-régional des anglophones montréalais, même si ceux-ci lui manifestent un certain degré d’ingratitude.

Québec solidaire; il faut lui rendre hommage pour sa sincère conscience écologique, d’où sa volonté exprimée de “changer d’ère”, mais ses conceptions économiques reflètent les rêves généreux de cégépiens (lycéens en français) de 18 ans qui pensent encore refaire le monde. 

Il y a un parti québécois en déliquescence qui proclame maintenant, sur le tard, dans ses publicités électorales, que sa raison d’être est l’indépendance du Québec. Le mot n’est plus tabou... Son chef, Paul Saint-Pierrre Plamondon, présente avec fierté son équipe “Cendrillon” (sic!). Comprenne qui pourra, mais gare aux 12 coups de minuit.

Le nouveau parti conservateur du Québec, lui, mise sur les “rednecks” québécois consanguins séduits par les démagogiques sirènes antiscientifiques trumpesques. Un beau bouillon d’inculture en perspective.

Et enfin, la CAQ, au pouvoir, et dont le slogan est “Continuons”. Nul doute qu’il continuera sans problème vu qu’il a renié sans vergogne la solennelle promesse d’un système électoral plus représentatif, et donc plus démocratique, comportant notamment une dose de proportionnelle. Y aura-t-il continuation de l’inertie écologique, comme en témoignent les nébulosités qui sentent bon l’arsenic frais et qui flottent gracieusement dans les rues et embaument même les garderies de Rouyn-Noranda?

Et dès la première journée de campagne, le premier ministre Legault a commis sa première bourde : il a utilisé le régionalisme “cette madame” (sic) pour désigner madame Anglade. Vu le contexte, cette expression, qui fleure bon le terroir québécois profond, a une connotation un peu condescendante. Il eût été plus élégant de dire, en bon français, “cette (gente) dame”.

A suivre.

LP

 

Tuesday, August 16, 2022

La dernière tentation de Salman Rushdie : la liberté d’expression.

Le 16 août 2022.

Chacun son métier et les vaches seront bien gardées.
- Jean-Pierre Claris de Florian (Le Vacher et le Garde-chasse.)

Le 16 août 2022.

Le 12 août dernier, un ange de la mort a sauvagement agressé l’auteur des “Versets Sataniques” à coups de couteau alors que celui-ci devait précisément donner une conférence sur la liberté artistique à la Chautauqua Institution, dans l’Etat de New York .

Bien entendu, cette sauvagerie suscite l’indignation à travers le monde civilisé, lequel n’englobe manifestement pas l’Iran.

Pour autant, au Canada, le célèbre filozof catho, Charles Taylor, demeure muré dans un assourdissant silence. Ce chantre du multiculturalisme qui proclame sa grande “honte” sur le campus de l’université McGill suite aux mesures prises par le gouvernement québécois de nature à libérer les prisonnières de barreaux et de barrières textiles, demeure étonnament inaudible face à cette tentative d’assassinat. Il faut supposer que, pour le récipiendaire du prix Templeton, Rushdie est l’auteur de son propre malheur.

Mais cela ne saurait surprendre outre mesure. Il suffit de lire son immortel article “The Rushdie controversy” de 1989, que l’on pourrait qualifier de “spéculations démoniaques”. A noter notamment deux troublantes observations, dont il ressort que les filozofs qui veulent faire du droit sont parfois des apprentis-sorciers.

We tend to think that freedom of speech is indivisible, that either it applies to everything or it doesn't exist at all. But this is not necessarily so (sic!). We in Western societies lived for years with blasphemy laws, and yet we thought of our societies as free. And so they were.

Les sociétés occidentales étaient devenues libres dans la mesure où les ministères publics avaient finalement acquis le simple de bon sens de ne plus invoquer ces lois, même en l’absence d’abrogation formelle, selon le principe de l'opportunité des poursuites.

(Une sinistre mise en garde : Le 25 octobre 2018 (E.S. c. Autriche), la Cour européenne des droits de l’homme a jugé qu’être condamné en Autriche, en vertu du droit national, pour avoir "taxé Mahomet de pédophilie" n’était pas contraire à la liberté d’expression garantie par l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'Homme.)

Any regime of free expression has limits which are justified by the possibility of harm inflicted on others. That's why you can't cry 'Fire!' in a crowded cinema, and that's why there are libel laws.

En outre, crier “au feu” dans un cinéma n’a rien à voir avec la liberté d’expression (une ineptie reprise récemment par Justin Trudeau) et la notion de diffamation vise des personnes spécifiques, vivantes (en droit anglo-saxon) et identifiables. Deux exemples pris au hasard : tel professeur d’université est accusé d’avoir a vendu de bonnes notes à un(e) étudiant(e) en échange de faveurs sexuelles; idem de tel ecclésiastique qui aurait agressé sexuellement un(e) fidèle.

Il faut croire que le professeur Taylor tient pour acquis que le prophète n’est pas un personnage de fiction et qu’il est toujours en vie. On notera d’ailleurs que, lors de la sortie du film “La dernière tentation du Christ” à la même époque, certains ayatollahs chrétiens américains brandirent l’anathème de “character defamation”.

Sans approuver la fatwa prononcée par Khomeny, il prône jésuitiquement le relativisme en matière de liberté de parole, notamment en ce qui concerne le blasphème. En substance, il avalise la “la loi de la rue” ou “loi de la populace” (“mob rule”) : les menaces de violence justifient des restrictions de la liberté de parole dans les états où règne encore l’obscurantisme religieux. Volontairement ou involontairement, la fatwa de l’imam Khomeny, toujours en vigueur en 2022, qui relève du pouvoir séculier de l’Etat iranien, s’inscrit dans cette vision. Le concept de “heckler’s veto” en droit américain devient le licite “murderer’s veto” ou terrorisme d’Etat).

Petite contrariété, ou consolation, selon le cas, cette tragédie vient de stimuler les ventes des “Versets sataniques”.

Charles Taylor est la preuve vivante qu’il n’est nul besoin de passer par HEC-Montréal pour devenir millionnaire. Contribuera-t-il au fonds de défense de Hadi Matar?

Il faut lui opposer ce voltairien truisme : la liberté d’expression et artistique est un droit inaliénable pour tout être humain sur la planète, même si les pouvoirs publics d’Etats totalitaires n’ont pas la volonté de la faire respecter, ou vont jusqu’à la combattre. Aucun accommodement n’est raisonnable dans ce domaine.

(Mais une réglementation peut l’être. Un exemple, aussi pris au hasard : les fonctionnaires incarnant l’Etat peuvent se voir légitimement imposer un devoir de réserve pendant leurs 37.5 heures de service.)

L’agression perpétrée contre Salman Rushdie confirme que la parole de Dieu et ses jugements sont immuables et gravés dans le marbre.

Comme aussi certains articles “philosophiques”.

LP


Wednesday, August 10, 2022

HEC-Montréal et le prosélytisme religieux.

Le 10 août 2022.

 

Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci.
Sourate 4, verset 34.

La condamnation de Jean-François Lisée d’une publicité de la bizenaisse scoule HEC-Montréal, présentant sur Instagram une jeune et aguichante étudiante qui porte un hijab comme argument de vente de son programme d’échange avec l’Algérie, commence à faire des vagues.

https://www.hec.ca/

https://www.msn.com/fr-ca/actualites/other/jean-fran%c3%a7ois-lis%c3%a9e-condamne-une-publicit%c3%a9-montrant-une-femme-voil%c3%a9e/ar-AA10s0lU?ocid=mailsignout&li=AAanjZr

Pourtant, les observations de M. Lisée sont tout simplement conformes aux constats rationnels de Moustafa Kémal Atatürk, fin connaisseur de l’idéologie islamique misogyne et admirateur des Lumières et de la révolution française. Bien entendu, il se trouve 2 avocates d’origine musulmane pour défendre cette photographie avec des arguments fort instructifs car on a recours à la newspeak (novlangue) devenue très banale chez les défenseurs et surtout -seuses de cette geôle textile réservée aux femmes, complaisamment avalisée et relayée par les chanoinesques sermons du filozof millionnaire Charles Taylor sur la montagne de l’université McGill, grand contempteur de Salman Rushdie, dont le relativisme en matière de liberté d’expression n’est plus à démontrer. On a droit à une poésie orwellienne de la part des détracteurs (et -trices) de M. Lisée.

Figuraient dans “1984” ces joyaux de la pensée : “War is peace’, “Freedom is slavery” et “ignorance is strength”.

En l'occurrence, le sexisme est le féminisme, l'infériorité est l'égalité, la coercition est devenue libre choix, etc. On apprend par exemple que “n’importe quoi peut devenir un symbole d’émancipation” (sic!). Il s’ensuit que les juifs porteront bientôt fièrement la swastika. Pourquoi pas? Après tout, il y a des noirs et des Autochtones canadiens qui arborent encore la croix en public et qui vont à la messe. Comme disait l'autre, "bienheureux les pauvres en esprit"... (Traduction en bon québécois : "bienheureux les creux").

Il faut reconnaître à HEC-Montréal une grande expertise en matière de comptabilité et de finances, mais, cette fois-ci, c'est son département de marketing qui peut s’enorgueillir d’un coup de maître, voire de génie.

Il faut rappeler à la direction de HEC, pour (sinistre) mémoire, que l’Algérie est, précisément, un pays qui a connu la “décennie noire”, la guerre civile de religion, pendant les années 1990. C’était notamment la belle époque où les femmes-pouliches reproductrices ayant l’audace de déambuler en ville sans voile pouvaient se faire infliger le “sourire Kabyle”, c’est-à-dire purement et simplement (si on ose dire) être égorgées en pleine rue par les fines lames d’organisations humanitaires telles que le Front islamique du salut, l’Armée islamique du salut et le Groupe islamique armé.

L’image de cette charmante étudiante hijabée sur Instagram rappellera de merveilleux souvenirs au mères algériennes en vie et âgées aujourd’hui de plus de 50 ans et dont les filles veulent étudier la gestion au Canada.

Toutes proportions gardées, on pense aux non moins brillantes publicités pour produits de nettoyage de fours diffusées au cours de la mini-série “Holocauste” aux Etats-Unis en 1978.

On peut supposer que lorsque HEC organisera des programmes d'échange avec l'Irlande et la Pologne, on montrera la photo de bonnes sœurs (il en faut qui soient en mesure de gérer efficacement les finances des couvents et des évêchés), ou au moins de laïques décorés d'une croix.  

Il est quand même étonnant de voir une institution universitaire québécoise comme HEC, qui reçoit des fonds publics, se faire le bienveillant vecteur d’une certaine propagande religieuse rétrograde, pour employer un délicat pléonasme.

L’Institution royale pour la promotion du savoir, alias université McGill, n’est plus seule.

LP