Sunday, July 31, 2022

Le pape François a quitté le Canada : È finita la commedia!

Le 31 juillet 2022.

Le pardon est un luxe, il devrait être un mode de vie.
Gérard Depardieu.
 

Le conclave de 2013 fut bien inspiré en élisant un jésuite au pontificat suprême. Les excuses présentées par le pape aux Autochtones canadiens constituent un modèle. Il était sur une crête, puisque il était devenu impossible de nier l’évidence. Pour redorer l’image internationale de Vatican Inc., il fallait lâcher du lest, mais pas trop... L’Eglise manie avec brio l’art du dosage : chaque mot est soigneusement ciselé et vaut son pesant de caramels mous.

Les discours de Francesco furent riches de belles et pieuses images et de références historiques.

Mais, plus précisément, il dénonce la politique d’assimilation des Autochtones et même les abus physiques; il va au-delà de ce pudique adjectif et ose évoquer explicitement les crimes de nature “sexuelle”. Il réprouve les “nombreux membres de l’Église et des communautés religieuses en faute”, “le mal commis par de nombreux chrétiens et “certains catholiques”.

Globalement, la manoeuvre est habile. Il fait mieux, vraiment mieux, beaucoup mieux que dénoncer simplement “quelques” pommes pourries. Et le Saint-Père, après 6 jours au Canada, prononce, le 7e jour, le mot même de “génocide” dans l’avion qui le rapproche du ciel et qui le ramène en Europe.

Bref, louanges au Saint-Père qui, homme d’avant-garde, admet en toutes lettres que la terre n’est pas plate, rejetant ainsi tout négationnisme.

Mais tout cela est, paraît-il, incompatible avec l’Evangile de Jésus-Christ.

Vatican, Inc. dénonce avec force ses succursales canadiennes, mais le (saint-)siège central demeure d’une pureté virginale, car, bien sûr, personne n’y était au courant de quoi que ce soit jusqu’au XXIe siècle... Les lampistes auront toujours tort.

Et Sa Sainteté admet même que les excuses ne sont pas un point final. Voilà qui est bel et bien, mais, manifestement, la suite ne comprend pas la notion d’indemnisation financière : le mot “dineiro” est resté absent de ses onctueux discours... Les stratégies judiciaires ne semblent pas devoir changer et la cagnotte de la multinationale ne sera vraisemblablement pas ponctionnée par les réclamations de survivants.

(Puisqu’on a beaucoup parlé de “réparation”, la formule idéale eût consisté en la distribution des actifs de Vatican Inc. à toutes ses victimes à travers le monde, suivie de sa dissolution, mais il ne faut pas s’attendre à ce genre de miracle).

L’évêque de Rome a quitté le Canada vendredi avec la satisfaction du devoir accompli. Sa mission de pédégé l’attend dans la ville éternelle.

Les ministres du cul-te libidineux se sont résignés depuis un moment à faire une croix sur la chair canadienne autochtone juvénile. Mais les missionnaires pourront encore trouver de nombreux exutoires à leur pulsions et débordements, tant idéologiques que sexuels, en Amérique latine, en Asie et en Afrique, où ils n’auront pas grand-chose à craindre des pouvoirs publics locaux, et encore moins de la maison-mère. S’offrent à leurs appétits trois viviers, beaucoup plus abondants, et plus variés.

Le paradis terrestre n’est pas encore perdu pour tout le monde.

LP


Sunday, July 24, 2022

Arrivée du pape François au Canada : quel suspense au juste?

Le 24 juillet 2022.

Ne vous livrez pas à l’amour de l’argent ; contentez-vous de ce que vous avez ; car Dieu lui-même a dit: Je ne te délaisserai point, et je ne t’abandonnerai point.
- Hébreux 13:5

Notre Saint-Père entreprend une tournée publicitaire au Canada, un soi-disant “pèlerinage péni(s)tentiel”, visant à redorer l’image de son entreprise et fidéliser (si l’on ose dire) sa clientèle.

A ce stade, on conjecture beaucoup sur la question de savoir si les Autochtones et le grand public canadiens recevront les excuses spéficiques du pontife au sujet du martyre séculaire, notamment sexuel, infligé à des enfants sans défense. Ils peuvent être relativement optimistes à cet égard : les paroles ne coûtent rien et elles s’inscriront alors dans l’habile stratégie de marketing du PDG de Vatican, Inc., communicator emeritus,.

Par contre, on peut s’attendre à ce que cette “réconciliation” et la "guérison" annoncées ad nauseam soient de nature purement spirituelle.

En effet, n’est plus à démontrer la grande habileté de l’Eglise en matière de négationnisme acharné et de procédurite, avec l’assistance de consiglieres bien rémunérés, qui lui a permis, à travers le monde occidental, d’échapper largement à ses obligations financières, en monnaie sonnante et trébuchante. Il est donc permis de douter que les victimes survivantes, condamnées à offrir leur chair fraiche sacrificielle sur l’autel, en absorbant pendant des années, sur une base hebdomadaire, et de plusieurs manières, les onctions rances giclant d’ecclésiastiques vicelards, obtiendront de juteux chèques tirés sur les comptes de la banque de Vatican, Inc., dont la savoureuse raison sociale est l’« Institut pour les œuvres de religion ».

(Au Saint Siège, on a toujours su manier les délicats euphémismes.)

Mais qu’importe? Le Royaume des cieux leur est acquis, et cela n’a pas de prix. Même le filozof canado-catho Charles Taylor sait que cela vaut même infiniment plus qu’un prix Templeton.

Dommage quand même que nulle visite de Francesco ne soit prévue à l’oratoire Saint-Joseph de Montréal car ses problèmes de genoux y eussent disparus par un autre miracle de Saint frère André, même si personne ne lui demandait de marcher sur les eaux. Son fauteuil roulant y eût fait une belle relique aux côtés des innombrables béquilles, et surtout, un merveilleux argument de vente qui eût confondu les sceptiques.

LP


Sunday, July 3, 2022

La Cour suprême américaine a statué : Apocalypse now!

Le 3 juillet 2022.

 

Après nous, le deluge.
- Aphorisme attribué à madame de Pompadour et repris par Louis XV.
 
Wir kapitulieren nicht,niemals. Wir können untergehen. Aber wir werden eine Welt mitnehmen.  (En v.o.)
(Nous ne capitulerons pas. Jamais. Nous pouvons sombrer. Mais nous emporterons un monde avec nous.) (En v.f.)
- Adolf Hitler (1945) 

Les Etats-Unis se transforment à tout berzingue sous l’impulsion de 6 de ses membres.

Ce pays est devenu la copropriété de la National Rifle Association et du Vatican : la haute juridiction a donné le feu vert à la course populaire aux armements et privé les femmes de leur droit à l’avortement. On a un beau climat de guerre civile en perspective, qui dépassera les banals massacres d’écoliers, vu que les rednecks psychopathes s’arment jusqu’aux dent(ier)s et que les forces de police de plus de la moitié des Etats vont dorénavant affecter leurs maigres ressources à la répression des femmes involontairement enceintes, souvent porteuses de leur fratrie. Les contempteurs du fisc et les trafiquants de drogue ont désormais le champ libre : personne, et encore moins la maréchaussée, ne peut être à la fois au four et au moulin.

Parlant de climat, à l’échelle globale cette fois, à l’occasion de l’affaire West Virginia v. Environmental Protection Agency, la bande des 6 vient de donner satisfaction (sinon à proprement parler raison) à un état charbonnier en réduisant considérablement le pouvoir réglementaire de la Environmental Protection Agency (EPA), joyau de la présidence Nixon, en matière de lutte contre les gaz à effet de serre; on invoque à nouveau le fallacieux prétexte de la démocratie; une démocratie à laquelle n’a pas voix au chapitre le reste du monde. Là encore, voilà un arrêt qui a moins le mérite de glacer le sang et de donner froid dans le dos, et qui ne peut que combler d’aise l’ex-président Trump, pour lequel les ponctions fiscales sont le privilège des gagne-petits et le réchauffement global n’est qu’un canular chinois.

Les 3 juges nommés par sa Majesté orange, ou plutôt l’agent orange, puisqu’il s’agit de destruction de l’environnement, ont rempli leur contrat sans atermoiements et sont allés au charbon sans hésiter. Par les temps qui courent, on ne sautait leur reprocher d’avoir froid aux yeux.

Comme le dit le proverbe, charbonnier est maître chez soi, et c’est un jour merveilleux pour l’état du West Virginia, où on a la foi. Pouvait-on rêver d’un meilleur plaideur pour relativiser la gravité du réchauffement climatique?

It is all relative in West Virginia.

LP