Saturday, June 5, 2021

Canada : charnier à Kamloops.

Le 5 juin 2021.

 

En vérité, la vérité, il n'y a pas de vérité.

- Jean-Claude van Damme.

Pour mémoire, Kamloops n'est pas en Syrie, en Iraq, ou en république démocratique du Congo. C'est une jolie ville brittano-colombienne, au Canada, un paradis touristique, où se trouvait jadis, un pensionnat pour enfants autochtones. Manifestement, ont plutôt vécu l'enfer lesdits pensionnaires, comme en témoigne la découverte de 215 petits cadavres enfouis anonymement.

Oh surprise, cette institution était aussi administrée par Notre Sainte-Mère l'Eglise catholique. Le scoop.

Vu les macabres découvertes de charniers similaires, par exemple, en Irlande, on constate que le modus operandi des autorités catholiques est uniforme à travers le monde. Qui a dit que l'Eglise ne sait pas vivre avec son temps? Elle est passée du bûcher des hérétiques à l'exploitation économique et sexuelle d'enfants; un usage plus rationnel du matériel humain dont elle a la garde.

A noter que, au Canada, si les autorités ecclésiastiques étaient souvent chargées de la gestion de ces lieux pédagogiques, ils furent créés à l'initiative de Sir John A. Macdonald premier premier ministre canadien, qui trouva l'inspiration entre deux bouteilles de whisky. Sur le plan purement quantitatif, il faut avouer que le Canada fait belle figure en comparaison des Etats-Unis en matière de traitement des Autochtones : pas de général Custer pour "casser du peau-rouge"; on s'est contenté d'assimiler les Autochtones dans la mesure du possible et on est s'est borné aux discrètes pénétrations d'écoliers et d'écolières, par des protubérances naturelles ou, en cas défaillance des ministres du culte nonagénaires, par le goupillon lubrifié de Saint chrême, et aux furtifs et ponctuels assassinats nocturnes. Et les statistiques sont modestes au regard des exploits d'un Bachar El Assad. Sans oublier que les macchabées six pieds sous terre, c'est de l'engrais : l'armée de Pinochet n'avait pas compris que ne sont pas productifs les corps momifiés dans les murs.

Quand on se compare, est-on censé se consoler?

Incidemment, en matière d'extermination étatique, l'actualité des dernières semaines est riche.

On évoque le centième anniversaire du massacre de la "Black Wall Street" à Tulsa, en Oklahoma. Il ne faut cependant pas oublier que cette abomination fut l'apothéose en matière de pogroms subis par les Afro-Amércains au fil des siècles. Dans la Bible Belt, la vie ordinaire des rednecks était régulièrement ponctuée par des lynchages (pendaisons, grillades, charcutages…), parfois improvisés, parfois planifiés et annoncés à l'avance par le service des loisirs municipal dans les journaux locaux (hear ye, hear ye! at a municipal park near you!) Ces spectacles (Rated-G, sometimes Rated-PG) offraient une saine distraction dominicale après l'office à l'église baptiste, agrémentant les pique-niques et les ouailles pouvaient collectionner de belles cartes postales.

(Mais… les traditions se perdent… MAGA!)

A signaler aussi la reconnaissance, le 28 mai dernier, par les autorités allemandes, du caractère génocidaire du massacre de Héréros et des Namas de 1904 à 1907 en Namibie (ex-Sud-Ouest africain), avec la bénédiction de l'église luthérienne; cette opération servit de laboratoire dont les enseignements logistiques furent utiles à l'Allemagne trois décennies plus tard, notamment en ce qui concerne la technique des camps de concentration. Cette reconnaissance s'accompagne de la promesse d'un soutien financier de 1,1 milliard d'euros versés par l'Allemagne pour la reconstruction et le développement de ce pays.

En matière de génocides, culturels et physiques, on notera la belle convergence entre les différentes églises chrétiennes, catholiques et protestantes, unies dans l'oecuménisme.

Revenons au Canada et signalons notamment les quasi-lynchages d'Autochtones en milieu hospitalier qui sont monnaie courante. comme l'a révélé la mort atroce de Joyce Echaquan. Est fort judicieux le retrait de la statue de Sir John A. qui rendait hommage à ce suprémaciste blanc sans complexe à Charlottetown (Ile-du-Prince-Edouard). Elle trouvera la place qui lui convient dans un musée des horreurs.

Quant à l'église catholique canadienne, on attend patiemment que fientent les évêques leurs onctueuses - et gratuites - paroles de contrition. Mais nul besoin d'excuses, superfétatoires : elle fera plutôt dire quelques messes pour le repos des âmes autochtones, dont l'utilité sera éternelle. D'ailleurs, le vicaire du Christ pourra en célébrer à la basilique Saint-Pierre même. Et on envisagera des canonisations en prime. Vu que des recherches ultérieures dans le sous-sol des odorants jardins fleuris (et pour cause…) ayant enjolivé les pensionnats religieux dans tout le Canada risquent de faire pâlir le modeste chiffre de 215, on pourra même faire appel à la générosité du très chanoinesque philosophe canadien catho Charles Taylor, qui financera, du fond du cœur, à partir de ses deniers de Judas, une de ces messes au prix de groupe.

LP

PS. Heureusement qu'il y a quand même le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies, dont l'intégrité et le grand sens des priorités à l'échelle du globe ne sont plus à démontrer, pour rappeler à l'ordre l'Etat canadien et à l'appeler à la transparence en l'espèce.

 

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