Friday, January 11, 2019

Bienvenue au Canada, Rahaf!



Le 11 janvier 2019.

Penser, c'est dire non.
- Alain.

Rahaf Mohammed al-Qanun, en fuite d'Arabie saoudite et de sa famille, via le Koweit puis Bangkok (Thaïlande), a obtenu le statut de réfugié au Canada.

Quelle émouvante épopée. Une courageuse jeune fille saoudienne, manifestement capable de raisonnement philosophique rationnel par ses seules facultés, c'est-à-dire de comprendre que la religion n'est que mensonges et contes de fées, le fumier où fleurit la plante carnivore de la tyrannie, sans même voir été exposée aux œuvres d'un Bertrand Russell, est maltraitée par sa famille pour avoir eu l'audace de se couper les cheveux et (horreur!) de rejeter l'Islam. Voilà qui confirme l'évidence : la religion (musulmane, hassidique ou chrétienne…) et le féminisme sont, par définition, antinomiques. Il n'y a que les états laïques, c'est-à-dire ayant retiré aux autorités religieuses leur pouvoir séculier de répression (le glaive cher à Luther), où les femmes peuvent trouver un minimum de respect et de dignité.

On tremble à l'idée qu'elle a failli connaître le sort d'une compatriote, Dina Ali Lasloom, qui, en transit à Manille en 2017, avait été remise de force dans un avion pour le Moyen-Orient, sacrifiée par les autorités philippines au nom de la raison d’Etat sur l'autel des relations diplomatiques. (Ca ne fait jamais qu'un meurtre de plus à mettre sur le compte conjoint de MBS et de Roberto Duterte.)

Voilà au moins une musulmane aspirant à la liberté, rejetant le statut d'éternelle mineure, qui ne sera ni torturée, ni flagellée, ni décapitée, ni découpée à la tronçonneuse, ni dissoute dans l'acide. (Suggestion de remake de film : The Saudi Chainsaw Massacre; les cinéphiles érudits comprendront la référence à un chef d'œuvre du 7ème art).

Evidemment, libre :

a) aux ignares;
b) aux Tartuffes,
c) à certains chroniqueurs (à la solde, ou non, de groupes de pression religieux),
d) all of the above,

de (feindre de) gober notamment la propagande (formulée dans une novlangue orwellienne) portant que la théocratie à laquelle est soumise le pays où règne, d'une main, pardon, d'un couperet de fer, la famille gardienne des lieux saints musulmans ne constitue pas le "vrai" islam. Et surtout, de croire que, dans les pays occidentaux, les musulmanes qui s'affublent d'oripeaux (pré)islamiques (hijab, niqab, burka…) le font en toute liberté, même si ce sont leurs maris ou frères qui le confirment.

Tout est donc bien qui finit bien pour Rahaf.

Cependant, on aimerait aussi pouvoir accueillir à bras ouverts dans la société canadienne les fillettes porteuses de voile de 9 ans, emprisonnées dans leur mini-ghetto portatif à ambiance plus ou moins saoudienne, même à l'école, ainsi que les enfants captifs des rebbes hassidiques, scolarisés en milieu familial (quoi de plus rigoureux sur le plan intellectuel?), et qui apprennent cette vérité confirmée par les sciences géologique et astronomique modernes : le monde a été créé il y a très précisément 5778 ans. Mais vu la relative passivité des autorités civiles, surtout scolaires, et chargées de la protection de la jeunesse (on se rappellera la sinistre affaire Shafia), c'est pas demain la veille.

Ils devront songer à solliciter la qualité de réfugié en France, où le mur de séparation de l'Etat et de la religion est étanche, alors qu'il est encore trop poreux au Canada.

LP

PS. L'impartialité impose une mise en garde. Un élément du récit des malheurs de Rahaf pose problème sur le plan de sa crédibilité : sa famille aurait voulu la marier de force. Pourtant, selon la loi islamique, une femme (oui, une femme) est nubile à l'âge de 9 ans et le compte à rebours commence inexorablement à ce moment. Or, Rahaf a 18 ans. Rien pour chauffer les sangs d'un bédouin normalement constitué. Mais soyons charitables : des récipiendaires du prix Templeton de 87 ans, gavés de comprimés bleus, lui trouveront peut-être de beaux restes. A la rigueur, si on ose dire.


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