Saturday, April 14, 2018

Le hijjab devient un enjeu électoral au Québec.


Le 14 avril 2018. 

I have a dream today.
- Martin Luther King.

Laissez passer les rêves.
- Michel Berger et France Gall.

C'est avec fracas qu'une apprentie-policière, Sondos Lamhari, annonce aux médias qu'elle veut exercer son métier affublée de son hijjab, qu'elle porte de son plein gré depuis l'âge de 14 ans, comme certaines écolières encore au cours primaire. Les journalistes et commentateurs qui esquivaient la question sous le fallacieux prétexte qu'il s'agissait d'une solution à la recherche d'un problème, alors qu'elle était vouée à se concrétiser tôt ou tard au Québec, en prennent pour leur grade.

La future agente affirme avec aplomb : "il n'y aura pas de différences dans mes interventions". Le public peut la croire sur parole, sauf peut-être en ce qui concerne les cas de figure suivants, lesquels sont, heureusement, de pures hypothèses d'école, conçues par des juristes totalement déconnectés des réalités du terrain :

- une femme appelle le 911 lorsqu'elle est tabassée par son mari et/ou son père et/ou son frère parce qu'elle refuse de porter ses oripeaux islamiques;
- un beau-père musulman sodomise régulièrement une fillette de 9 ans depuis plus de deux ans (mais toujours vierge selon la charia, ouf…);
- 3 filles de souche afghane voulant vivre leur vie… précisément de manière moderne, à la québécoise, sont assassinées par leurs parents et leur frère, qui tentent de maquiller leur crime en accident de voiture tombée dans une écluse de canal…

(A titre comparatif - soyons œcuméniques - l'on peut s'interroger sur une hypothèse tout aussi farfelue : un enfant de cœur ayant subi pendant plusieurs années,chaque dimanche, dans la sacristie, entre deux messes, les sévices sexuels de prêtres, se sentirait-il à l'aise pour se confier à un agent arborant un ostentatoire cucifix?).

A-t-on affaire à une ado qui fait sa crise de croissance, ou… au contraire, à une habile jeune femme sur le point d'avoir le droit de vote, nourrissant des ambitions politiques, et qui a trouvé la stratégie pour s'assurer une… visibilité accrue? C'est réussi. Et après tout, pourquoi pas? C'est de bonne (et sainte) guerre. Si tel est le cas, elle aura le choix entre le parti libéral du Québec, ou Québec solidaire, où elle pourra éventuellement rejoindre Vincent Marissal (qui lui conseillera peut-être, quand même, de tenter d'abord sa chance avec le parti libéral du Canada). Il y a toujours eu des vases communicants entre la politique et la religion, et inversement.

(On se souviendra de l'ex-président argentin, Carlos Menem, fils d'immigrés syriens musulmans, qui, lui, se convertit à la religion catholique à l'âge de 18 ans. Une démarche spirituelle, voire mystique, qui n'avait rien à voir avec la disposition de la constitution argentine qui réserve la présidence aux seuls catholiques romains. Les voies du Seigneur sont impénétrables, contrairement à celles des fidèles (deux, ou trois, selon le cas)).

Il reste 2 ans à l'étudiante Lamhari pour compléter son diplôme et, à 6 mois des prochaines élections provinciales, le Québec est déjà de facto en campagne électorale. Evidemment, l'on ne saurait imaginer une seule seconde que sa spectaculaire irruption sur la scène médiatique fait d'elle un missile téléguidé. Honi soit qui mal y pense. Mais quelle surprise d'entendre les retentissantes et imprévisibles tartuferies du gouvernement Couillard.

Outre "sheikh" Philippe Ibn-Couillard, grand vizir de la province, qui a toujours ses entrées au palais royal à Riyadh, la ministre de la justice Stéphanie Vallée a ainsi adjuré la population, avec de déchirants trémolots dans la voix  : "C'est triste de dire à une jeune fille : "Non, sais-tu, tes rêves, tu ne peux pas les poursuivre au Québec parce que ta foi me dérange"".  En toute logique, un agent de l'UPAC peut donc porter un signe "identitaire" du PQ sans être pénalisé par sa foi politique : nul justiciable n'oserait mettre en doute son impartialité, à moins d'être paranoïaque ou... de mauvaise foi.

Parlant de rêve(s), pensons un moment aux Iraniennes qui rêvent de se débarrasser de leur geôle de tissu et qui défient depuis quelque temps les autorités en la retirant en public, s'exposant ainsi à la prison et même à la torture.

Et surtout aux Algériennes qui, pendant les années 1990, refusaient ce symbole (pré-islamique, en fait) de soumission qui les désignaient comme simples pouliches servant à la reproduction (le digne pendant de l'étoile jaune de 1940), et qui furent égorgées… comme des porcs par les sbires du GIA et de l'AIS.

Les ancêtres se souviendront du slogan "nous sommes tous des juifs allemands" de mai 1968 exprimant la solidarité avec Daniel Cohn-Bendit. Selon l'intéressé : "C'est un slogan qui a eu une vie autonome. Il a survécu comme symbole de solidarité. C'est un bon slogan. Il a une puissance émotive très explicite. Il supporte sa propre métamorphose. Je lui souhaite longue vie." Les femmes qui portent le hijjab, ou pire (volontairement…), et ayant la chance de vivre en occident ont le devoir de le transposer et de (tout aussi) volontairement marcher… tête nue tant et aussi longtemps que leurs sœurs n'auront pas le droit absolu de le retirer partout dans le monde.

"Nous sommes tou(te)s des femmes (dé)voilées". Il n'est pas interdit de rêver?

LP

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