Friday, November 17, 2017

Grace Mugabe : la Marie-Antoinette zimbabwéenne.



Le 17 novembre 2017.
                                
You have inherited a jewel in Africa, don't tarnish it.
- Conseil adressé par le président tanzanien Julius Nyerere à Robert Mugabe en 1981.

Les femmes ne portent pas toujours chance à leur tyrans de maris. Après Michelle Bennett, épouse Duvalier, Imelda Marcos, Elena Ceausescu, voici Grace Mugabe. Pardon, la Dre Grace Mugabe.

Elle a franchi une étape, ayant ses propres ambitions politiques, en faisant évincer le vice-président de son cher mari nonagénaire (qu'elle astreint, on le suppose, à l'ingurgitation quotidienne d'un plein flacon de comprimés bleus, aux résultats incertains) Emmerson Mnangagwa. On comprend que celui-ci ait incité l'armée à résister aux purges.

Les dernières mésaventures du héros de l'indépendance ont donné lieu à d'édifiantes rétrospectives sur sa carrière politique dans les médias.

On notera que, de manière générale, en matière d'actualités africaines, on parle pudiquement de "troubles ou conflits politiques" ou parfois "intertribaux". Surtout en ce qui concerne l'Afrique du Sud et l'ex-Rhodésie, on réserve l'étiquette "raciste" aux régimes blancs… Rien de raciste, par exemple, quand le pouvoir Shona se livre à une épuration ethnique au Matabeland en 1982, par des unités (dé)formées en Corée du Nord, brillamment dirigées par nul autre que… the one, the only Emmerson Mnangagwa, mieux connu sous cet affectueux sobriquet : the crocodile (un émouvant hommage à feu Idi Amin Dada, qui jetait naguère ses opposants en pâture à de gloutons et imposants reptiles?)

Ces reportages historiques omettent systématiquement quelques vérités comparatives pourtant instructives:

- la Rhodésie sécessionniste était dotée du seul parlement en Afrique comportant une opposition, laquelle ne ménageait pas (à bon droit) le gouvernement pendant les débats (hommage soit rendu à un député d'une extraordinaire intégrité, le Dr Ahrn Palley); 

- la Rhodésie de Ian Smith était un grenier, impitoyablement détruit par la suite par Robert Mugabe, dont le peuple est maintenant ravagé par la famine;

- au cours de la cruelle "Bush War" de 1972 à 1979, en dépit d'un embargo, l'économie rhodésienne était plus performante que l'économie zimbabwéenne contemporaine;

- au terme de cette guerre, Ian Smith a laissé à Robert Mugabe un état plus prospère que la plupart de ses voisins. L'absence de corruption y était peut-être pour quelque chose, la gestion du pays avant 1980 ayant été "exemplaire", dixit au journal "Le Monde" un ministre vers 1984 (sauf erreur de mémoire). (Apparemment, nul membre du cabinet Smith n'avait eu des investissements à Singapour ou à Hong Kong).

Sans oublier que Madame Smith, elle, n'aspira jamais à une vie publique.

Au final, le plus grand massacreur de Noirs zimbabwéens n'est peut-être pas celui que les bien-pensants s'imaginent depuis 1965. En 2017, on peut penser que l'échec des accords anglo-rhodésiens de 1971, même très imparfaits, fut la dernière occasion ratée pour ce pays, qui entama son inexorable descente aux enfers.

Aujourd'hui, faut-il se réjouir des derniers événements au Zimbabwe? La prudence s'impose. Le président Mugabe, portant une jolie petite moustache qui fit, oui, fureur en Europe pendant les années 30 et 40, hésite encore à quitter la scène. Le "crocodile" est en attente. Les Zimbabwéens se verront-ils imposer la peste après le choléra, comme si l'épidémie de Sida ne suffisait pas?

Mais foin du pessimisme. Le Zimbabwe peut désormais compter sur une reprise de l'activité touristique, grâce au président américain Trump, qui vient d'autoriser l'importation aux Etats-Unis des trophées de chasse d'éléphants, même liés au braconnage, provenant du Zimbabwe et de la Zambie, laquelle était interdite depuis 2014.

LP


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