Thursday, November 30, 2017

La brillante sortie de scène de Slobodan Praljak.



Le 30 novembre 2017.
                                
Le suicide, c'est la ressource des hommes dont le ressort a été rongé par la rouille.
- Pierre Drieu La Rochelle.

Comme chaque observateur de bonne foi le sait, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie est la concrétisation de la "justice des vainqueurs" : une juridiction fantoche destinée à accabler les Serbes.

Après de retentissants acquittements d'accusés croates de haut rang, il fallait que les juges se refissent une beauté afin de donner l'illusion de l'impartialité; ils ont donc eu recours à la traditionnelle solution de facilité : jeter en pâture à l'opinion publique une petite dose de lampistes, croates en l'occurrence. D'où la confirmation de la condamnation, par exemple, de Slobodan Praljak, à 20 ans de réclusion.

(Voilà une forme d'hypocrisie judiciaire qui rejoint celle de certains procureurs européens, en mal de publicité personnelle, chasseurs de nazis autoproclamés, qui, depuis quelques années, revêtent la blanche armure du chevalier Bayard pour poursuivre des sous-merdes aujourd'hui presque centenaires, après avoir sciemment ignoré pendant des décennies les supérieurs de ceux-ci, leur assurant une reconversion professionnelle toute en douceur, notamment au sein de la fonction publique).

Cet ingénieur de formation comptait un impressionnant bagage artistique complémentaire : diplômé de l'Académie d'art dramatique de Zagreb, il fut directeur de théâtre, réalisateur de séries télévisées, de téléfilms, de documentaires et d'un long métrage.

En se suicidant pour échapper à une (certaine) justice, il n'a pas innové; il n'a fait que suivre les brisées des Göring, Goebbels, et autres Himmler. Cependant, en absorbant goulument son elixir de vie éternelle face aux caméras, en pleine salle d'audience du tribunal, il a donné au monde un spectaculaire exemple de cinéma-vérité, ou de télé-réalité, inimaginable même pour un Donald Trump.

C'est le condamné qui a eu le (dernier) mot pour rire. Même si sa fuite est plus difficile à avaler pour ses juges.

Salut l'artiste! Rideau!

LP

Sunday, November 26, 2017

Au Zimbabwe, Crocodile Ier est intronisé.



Le 26 novembre 2017.

Ce qui compte, ce n'est pas le vote, c'est comment on compte les votes.
- Joseph Staline.

La révolution de palais est accomplie dans l'ex-Rhodésie, l'ex-grenier africain. Comme l'on pouvait s'y attendre.

Le nouveau monarque zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa à la ville, a quand même rendu hommage à son prédecesseur, Mugabe Ier, "perd" de la nation, qu'il avait fidèlement soutenu pendant 37 ans dans son œuvre de destruction méthodique du pays : par la persécution des oppositions politiques; par des expropriations des fermiers blancs qui, jusqu'en 2001, nourrissaient leurs compatriotes noirs; par une cancéreuse corruption… La libération annoncée et fêtée en 1980, au rythme de la musique de Bob Marley (qui n'avait pas son pareil pour rêver et partager ses rêves…) a rapidement tourné au chemin de croix. Vu la situation économique de ses fidèles sujets en 2017, Sa Majesté eût dû inviter Black Sabbath pour son couronnement.

Mais qu'on se le dise : M. Mnangagwa a eu son chemin de Damas (ou plutôt de Johannesburg). Ses profondes convictions démocratiques se sont manifestées avec éclat, comme par hasard, quelques jours après son éviction du gouvernement, effectué sur les instances de Gucci Grace.

Qui est plus habilité à tenir aujourd'hui un noble discours conciliateur et humaniste, et à rejeter l'esprit de rancune que ce vorace saurien, très friand de gibier ndébélé apprêté à la sauce shona? Il faut donc donner sa chance au coureur. Comme le font les rednecks consanguins partisans de Donald Trump.

Tous les espoirs sont permis quand le vizir devient calife à la place du calife.

LP

Friday, November 17, 2017

Grace Mugabe : la Marie-Antoinette zimbabwéenne.



Le 17 novembre 2017.
                                
You have inherited a jewel in Africa, don't tarnish it.
- Conseil adressé par le président tanzanien Julius Nyerere à Robert Mugabe en 1981.

Les femmes ne portent pas toujours chance à leur tyrans de maris. Après Michelle Bennett, épouse Duvalier, Imelda Marcos, Elena Ceausescu, voici Grace Mugabe. Pardon, la Dre Grace Mugabe.

Elle a franchi une étape, ayant ses propres ambitions politiques, en faisant évincer le vice-président de son cher mari nonagénaire (qu'elle astreint, on le suppose, à l'ingurgitation quotidienne d'un plein flacon de comprimés bleus, aux résultats incertains) Emmerson Mnangagwa. On comprend que celui-ci ait incité l'armée à résister aux purges.

Les dernières mésaventures du héros de l'indépendance ont donné lieu à d'édifiantes rétrospectives sur sa carrière politique dans les médias.

On notera que, de manière générale, en matière d'actualités africaines, on parle pudiquement de "troubles ou conflits politiques" ou parfois "intertribaux". Surtout en ce qui concerne l'Afrique du Sud et l'ex-Rhodésie, on réserve l'étiquette "raciste" aux régimes blancs… Rien de raciste, par exemple, quand le pouvoir Shona se livre à une épuration ethnique au Matabeland en 1982, par des unités (dé)formées en Corée du Nord, brillamment dirigées par nul autre que… the one, the only Emmerson Mnangagwa, mieux connu sous cet affectueux sobriquet : the crocodile (un émouvant hommage à feu Idi Amin Dada, qui jetait naguère ses opposants en pâture à de gloutons et imposants reptiles?)

Ces reportages historiques omettent systématiquement quelques vérités comparatives pourtant instructives:

- la Rhodésie sécessionniste était dotée du seul parlement en Afrique comportant une opposition, laquelle ne ménageait pas (à bon droit) le gouvernement pendant les débats (hommage soit rendu à un député d'une extraordinaire intégrité, le Dr Ahrn Palley); 

- la Rhodésie de Ian Smith était un grenier, impitoyablement détruit par la suite par Robert Mugabe, dont le peuple est maintenant ravagé par la famine;

- au cours de la cruelle "Bush War" de 1972 à 1979, en dépit d'un embargo, l'économie rhodésienne était plus performante que l'économie zimbabwéenne contemporaine;

- au terme de cette guerre, Ian Smith a laissé à Robert Mugabe un état plus prospère que la plupart de ses voisins. L'absence de corruption y était peut-être pour quelque chose, la gestion du pays avant 1980 ayant été "exemplaire", dixit au journal "Le Monde" un ministre vers 1984 (sauf erreur de mémoire). (Apparemment, nul membre du cabinet Smith n'avait eu des investissements à Singapour ou à Hong Kong).

Sans oublier que Madame Smith, elle, n'aspira jamais à une vie publique.

Au final, le plus grand massacreur de Noirs zimbabwéens n'est peut-être pas celui que les bien-pensants s'imaginent depuis 1965. En 2017, on peut penser que l'échec des accords anglo-rhodésiens de 1971, même très imparfaits, fut la dernière occasion ratée pour ce pays, qui entama son inexorable descente aux enfers.

Aujourd'hui, faut-il se réjouir des derniers événements au Zimbabwe? La prudence s'impose. Le président Mugabe, portant une jolie petite moustache qui fit, oui, fureur en Europe pendant les années 30 et 40, hésite encore à quitter la scène. Le "crocodile" est en attente. Les Zimbabwéens se verront-ils imposer la peste après le choléra, comme si l'épidémie de Sida ne suffisait pas?

Mais foin du pessimisme. Le Zimbabwe peut désormais compter sur une reprise de l'activité touristique, grâce au président américain Trump, qui vient d'autoriser l'importation aux Etats-Unis des trophées de chasse d'éléphants, même liés au braconnage, provenant du Zimbabwe et de la Zambie, laquelle était interdite depuis 2014.

LP


Monday, November 6, 2017

Valérie Plante remporte la mairie de Montréal

Le 6 novembre 2017.

C'est la victoire d'un frais éclat de rire, parfois un peu extravagant, contre une certaine forme d'arrogance.

LP


Saturday, November 4, 2017

Elections municipales au Québec : la fin d'une époque à Saguenay?


Le 4 novembre 2017.

Au pays de Québec, rien ne doit mourir et rien ne doit changer.
- Louis Hémon (Maria Chapdelaine).

Le premier magistrat de la ville de Saguenay, Jean Tremblay, est sorti hier pour la dernière fois de sa mairie; cet éminent catho intégriste, lecteur assidu de Jean Guitton, prend une retraite bien méritée, après 20 ans de bons et loyaux services à sa population, notamment à son diocèse, bien entendu, même s'il a subi un pénible revers devant une cour suprême alliée des mécréants athées, qui déclara anticonstitutionnelle la traditionnelle prière récitée à l'ouverture du conseil municipal. La prononciation des patronymes exotiques, notamment arabes, constituait la seule limite de son éloquence du terroir.

On comprend son émotion.

Que l'on se rassure, l'ex-maire sera bien occupé les prochaines années par la promotion d'une importante cause sociale : la levée des fonds nécessaires pour faire de l’église Sainte-Thérèse de Beauport un sanctuaire national.

Si, en France, la retraite de Christine Boutin (mariée, il faut le rappeler, à son cousin germain) privera les amuseurs de matière première, de même, le départ de Jean Tremblay (son frère… en Christ), constituera de prime abord une perte cruelle pour les humoristes québécois. Cependant, ces derniers ont une lueur d'espoir. En effet, n'oublions pas qu'il s'agit du pays de Saguenay, où l'on suit depuis des lustres, de père en sœur, les permutations génétiques prisées par Mme Boutin.

De toute manière, le 5 novembre, la mairie restera forcément dans la famille!

LP