Friday, July 14, 2017

Un peu de justice pour Omar Khadr, l'ex-enfant-soldat canadien.



Le 14 juillet 2017.

Comme le dit la sagesse fiscale, ce n'est pas parce que vous mettez un impôt sur les vaches que ce sont les vaches qui paient l'impôt.
- Alain Madelin.
                      
J'ai déjà essayé de payer mes impôts avec le sourire, mais ils préfèrent un chèque.
- Jean Yanne.

Opinions are like assholes, everybody has one.
- Clint Eastwood.

Le gouvernement canadien vient d'accorder une indemnisation d'environ 10 millions à Omar Khadr. Comme il fallait s'y attendre, les commentateurs pseudo-journalistiques du Canada anglais fulminent.

Une remise à l'heure des pendules s'impose.

En l'espèce, les faits et les règles de droit sont, en réalité, fort simples, mais les enjeux sont obscurcis par une démagogique propagande redneck, gobée surtout par la base électorale du parti conservateur du Canada dont l'élite est constituée par les trisomiques sous-Néandertaliens dont les lambeaux de cerveau sont ravagés par la bière, les vapeurs de bitume, et les pesticides agricoles et surtout, la doctrine créationniste des églises pentecôtistes.

Après Maher Arar, Abdullah Almalki, Ahmad El Maati and Muayyed Nureddin, trop, c'est trop!  

1) Dire que le gouvernement canadien a accordé une indemnisation à un terroriste est un pur sophisme. La vérité objective est qu'il a accordé une indemnité à une personne détenue illégalement, sans procès, et martyrisée par l'armée américaine à Guantanamo, avec la complicité de fonctionnaires canadiens. Rien de plus, rien de moins. Elle n'a donc rien à faire avec ce qui s'est passé en Afghanistan. Nul n'a le droit d'emprisonner et de torturer quiconque, et cela vaut même s'il est établi ultérieurement établi que le détenu a commis des crimes, aussi abominables fussent-ils. Par exemple, le prêtre soupçonné de pédophilie a droit à une mesure réparatrice s'il a subi des sévices de la part des autorités, même s'il est prouvé, au final, qu'il a imposé à des dizaines d'enfants une forme de communion particulièrement visqueuse à des dizaines d'enfants au nom du père, du fils et du Saint-Esprit.

2) Omar Khadr était un "enfant-soldat" aux termes de tous les instruments internationaux pertinents. Par définition, il n'a jamais été plus "terroriste" que, par exemple, les enfants-soldats de Sierra Leone, qui bénéficient de programmes financés par l'Etat canadien. Endoctriné et amené en Afghanistan à l'âge de 11 ans par un père qui ne prétendait pas à la qualité de "Father of the year", emprisonné à l'âge de 15 ans, il répond clairement aux critères juridiques. A titre de comparaison, un tueur n'est pas un "meurtrier" au sens de la loi s'il est acquitté pour maladie mentale. Par définition, un enfant-soldat n'est pas responsable de ses actes, qu'il ait lancé une grenade ou une arme nucléaire. Les tenants de la qualification de "terroriste" soutiennent, en substance, que 15 est supérieur ou égal à 18; chacun a droit à ses opinions, mais ils sont sans doute égarés par leur connaissance approfondie de la mathématique de Lobatchevski.

3) Mais, au fait, cette fameuse grenade, qui a tué le soldat Speer et éborgné le soldat Morris, Khadr l'a-t-il même, concrètement, lancée? Evidemment, puisqu'il a avoué! Petit détail : sous la torture… Incidemment, les Etats-Unis sont le pays où des policiers racistes peuvent s'adonner, en toute impunité, au tir sportif sur des cibles nègres et où le tabassage de détenus (the 3rd degree) est un cancer qui ronge les postes de police. On peut donc imaginer les excellents résultats obtenus par le 10th degree autorisé à Guantanamo, la Lubianka tropicale américaine…

4) Ah! Mais oui, j'allais oublier : Khadr a plaidé coupable en 2010! Il a donc confirmé volontairement ces aveux!!! Là encore, aux Etats-Unis, un certain nombre de procureurs, pour "faire du chiffre", font sciemment condamner des innocents sur des preuves falsifiées, ou leur extorquent des plaidoyers de culpabilité (cette pratique n'est pas totalement inconnue au Canada non plus). Si de telles dérives sont possibles devant les juridictions civiles classiques, respectant théoriquement (!) les droits de la défense, on appréciera à sa juste valeur le plaidoyer de culpabilité prononcé devant un "tribunal" d'exception fantoche (de style nazi, maoïste, ou stalinien, comme on voudra), reconnu comme tel par la Cour suprême des Etats-Unis, au terme d'années de torture.

Quant au jugement civil obtenu en Utah par la veuve Speer, prononcé en l'absence du principal intéressé (et pour cause!), au Canada, il ne peut même pas servir de papier hygiénique : il souillerait le postérieur de l'utilisateur.

Foin des opinions, voici le seul fait judiciairement prouvé : un enfant canadien a été odieusement maltraité pendant une décennie par les autorités américaines, avec la complicité de fonctionnaires canadiens.

En le niant, le nouveau chef du parti conservateur du Canada, Andrew "Alfred E. Neuman" Scheer, crache sur les magistrats canadiens. Une fétide haine raciale suinte de tous les pores du "groupie" de Dick Cheney qui a envoyé au casse-pipe en Irak les soldats américains sur des mensonges afin d'enrichir Halliburton, et il agite ses petits drapeaux patriotards : il verse aujourd'hui une larme pour les anciens combattants et se fait le héraut du contribuable.

(Ah, ce cher contribuable! Particulièrement chéri aussi des politiciens critiquant le budget des procureurs qui les poursuivent au pénal…).

On se saurait trop recommander au contribuable et à l'ancien combattant avertis d'intégrer dans l'équation fiscale les "disgusting" (Scheer dixit) les éléments suivants, pris en vrac.

Le gouvernement Harper :

- a déjà puisé 5 millions $ dans les fonds publics pour une cause perdue d'avance;

- a (parlant de "gifle" assenée aux anciens combattant!) impitoyablement diminué leurs prestations et a utilisé de plus belle la classique tactique de "procédurite" judiciaire pour entraver leurs réclamations; (cf. les féroces représailles exercées par Anciens Combattants Canada contre Sean Bruyea, gravement blessé lors de la première guerre du Golfe); le militaire canadien qui veut faire reconnaître ses droits doit se préparer au... parcours du combattant;

- a réduit les effectifs d'enquêteurs de Revenu Canada chargés de traquer les fraudeurs fiscaux multimillionnaires;

- a conclu des traités de double-imposition avec des paradis fiscaux;

- a acheté des F-35 douteux au terme d'un processus dont la transparence laissait à désirer;

Par ailleurs, les compagnies pétrolières, contributrices aux caisses électorales, sont "subventionnées" pour détruire l'environnement (surtout) albertain et répandre leurs produits cancérigènes, ce qui ponctionne le budget de la santé publique…

Etc…

(Mais ne soyons pas trop durs pour l'héritage fiscal et militaire du gouvernement Harper : les caisses ont engrangé des rentrées tirées des juteuses ventes de matériel de mort à l'Arabie saoudite. Le contribuable se consolera en y imputant les petits 10,5 millions $ controversés…).

Pour autant, le contribuable serait heureux de voir le gouvernement canadien introduire une action récursoire contre les fonctionnaires et… les élus fautifs, dont la solvabilité n'est plus à démontrer.

Enfin, puisque c'est au Canada anglais où l'on est le plus hostile à Omar Khadr, il pourra éventuellement trouver refuge au Québec.

LP


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