Justice delayed is justice denied.
- Adage juridique anglo-saxon.
Le Conseil d'Etat le confirme et ramène à
l'ordre 30 caricatures de maire, en mal de publicité électorale : leurs arrêtés
anti-burkini constituent une atteinte aux libertés publiques. Et il rejette
l'argument fallacieux du danger à l'ordre public. Sont donc déboutés les maires
pyromanes qui invoquent le risque d'incendie.
Cependant, il faudrait être naïf pour voir dans
cette décision de simple bon sens le triomphe de la justice.
En l'espèce, il est inquiétant de voir des juges
de première instance avaliser une intox' politique et jouer complaisamment le
rôle de vecteur de la discrimination : si le burkini est l'expression d'un
appui au terrorisme, a fortiori, le
port en public de la croix et surtout, de l'habit ecclésiastique constituent un
encouragement à la pédophilie. Le premier juge qui approuverait les chambres à
gaz parfumées au Zyklon-B serait peu susceptible de dissiper le cynisme du
public en matière de saine administration de la justice, même s'il était censuré
en appel.
On a franchi un pas important, mais
insuffisant. En toute logique, les 30 maires concernés doivent être sanctionnés
pour leur instrumentalisation de leur pouvoir réglementaire, et donc de la
justice, conçue, dès le départ, dans l'intention précise d'attiser les tensions
sociales, ce que recherchent, bien évidemment, les djihaddistes. Il y a donc
aussi intelligence (si l'on ose dire) avec l'ennemi, et cela vaut aussi pour le
socialiste Manuel "Iznogoud" Valls.
Mais ne rêvons pas.
Cette lamentable affaire illustre l'impuissance
du citoyen lambda, sans ressources, face aux dérives totalitaires, et racistes
de l'Etat.
Et la menace aux libertés publiques persiste
en France. L'ex-président de la République, le petit roquet hongrois Sarkozy
(dont le patronyme rime avec Esterhazy), qui aboie un programme électoral qui
n'est pas totalement étranger à l'idéologie de feu l'amiral Horthy, réclame
maintenant rageusement une loi nationale antiburkini tout aussi liberticide.
Une priorité pour la France.
Les démagogues qui, en l'espèce,
"surfent" sur la panique causée par les attentats djihaddistes dans
l'espoir (naïf?...) de s'approprier le fonds de commerce lepéniste en assimilant
ces tragédies à un conflit racial ou religieux feignent d'oublier que, parmi
les victimes faites sur le sol français, figurent de nombreux musulmans.
(Pour mémoire, à l'époque de l'apartheid, le Sud-Africain
Wouter "Doctor Death" Basson avait essayé, en vain, de développer une
bactérie attaquant uniquement les Noirs; selon les plus récentes informations, les
services de recherche des maîtres artificiers de Daech n'ont pas non plus encore
réussi à mettre au point la "smart bomb" des jeux vidéos ne visant que
les non-Musulmans.)
Cependant, voyons le bon côté de la chasse au
burkini.
Si l'on fait abstraction de ces intolérables
atteintes (bien gauloises) aux libertés individuelles, on a quand même eu droit
à des scènes qui sont le plus pur produit de la grande tradition comique française,
avec une touche de commedia dell'arte :
alors que l'on déplore l'insuffisance des effectifs policiers, voir quatre représentants
de l'ordre obliger une musulmane à se déshabiller sur une plage est impayable;
il faut y ajouter la mère de famille forcée par les employés chargés de la
sécurité d'une piscine municipale de Vence de sortir de l’eau : cette ignoble
provocatrice portait… un paréo… On conviendra, comme le maire de cette commune,
que l'insolente baigneuse ne portait pas une tenue de bain traditionnelle.
Au Canada, à l'inverse, l'on vit une situation
tout aussi ridicule, mais dont le côté humoristique laisse un peu plus à
désirer. Que le législateur n'interdise pas aux adultes faibles d'esprit (ou
contraints par leur entourage social ou familial) de porter la croix ou le hijjab
ou se revêtir du burkini, ou de la tunique des Hare Krishna, selon le cas, dans
la rue, sur la plage, à cheval, en canoë-kayak et, bien sûr, en deltaplane, c'est
une chose.
Par contre, le contribuable/justiciable canadien
devrait s'inquiéter de la gangrène religieuse qui ronge insidieusement les
rouages de l'Etat.
Le Canada est un pays où des fillettes
pré-pubères doivent porter le voile, même à l'école publique; où des enfants
captifs de ghettos sont privés de la scolarité normale à laquelle, en principe,
ont droit tous les petits Canadiens; où les fonctionnaires fédérales peuvent
porter le hijjab (le touriste canadien qui rentre de l'étranger et qui doit répondre
aux questions de l'agente des douanes arborant ce rébarbatif accoutrement peut se
demander s'il ne s'est pas trompé d'avion); et où les agents de la police
nationale, la Gendarmerie Royale du Canada, sont autorisés à porter le turban
sikh.
Manifestement, tout cela ne suffisait pas : la
Gendarmerie vient d'annoncer que le hijjab est aussi désormais autorisé pour
ses agentes.
Il ressort de l'expérience française qu'il est
odieux de stigmatiser les minorités, religieuses ou ethniques, mais de la
réalité canadienne qu'il est tout aussi odieux de fustiger les défenseurs de la
laïcité au sein de l'appareil de l'Etat.
En France règne à l'heure actuelle un climat
d'hystérie délétère, minutieusement orchestré, mais on se consolera en
rappelant qu'elle n'est pas une nation "Under God" et qu'elle arrache,
au moins pendant quelques heures par semaine, ses fonctionnaires et écoliers à un
cloaque idéologique dans lequel mijotent depuis des millénaires les pires superstitions,
ce qui leur donne un avant-goût de liberté.
Les générations futures y ont une petite lueur
d'espoir.
LP