Sunday, December 20, 2015

Le 20 décembre 2015. Le petit Justin et les valeurs de Donald Trump.



A man has got to know his limitations.
- Clint Eastwood dans Magnum Force.



Le petit roi du Canada, Trudeau II, vient de comparer le racisme ciblé du propriétaire de la Trump Tower à la charte des valeurs que défendait dans un passé récent le parti québécois de Pauline Marois.

Il faut être d'une bêtise totale (on ne saurait parler de malhonnêteté, et encore moins d'"intellectuelle", dans le cas de Justin, ce serait un oxymore…) pour taxer de raciste un projet conçu pour assurer la neutralité de l'Etat (une notion durement conquise au fil des siècles par l'homme) et susceptible de libérer, au moins, quelques Québécoises musulmanes prisonnières de leur ghetto, surtout textile.

Pour oser associer la rhétorique d'un candidat à la présidence des Etats-Unis de souche allemande et à la chevelure rebelle à un texte législatif de simple bon sens, consacrant des mesures reprenant timidement les réformes de Kémal Ataturk - qui a ainsi arraché son pays à un obscurantisme millénaire il y a près d'un siècle - et avalisées en Europe par nulle autre que la Cour européenne des droits de l'homme, il faut être un ignare absolu. Manifestement, les pentes de ski de Colombie-Britannique ne sont peut-être pas le lieu idéal pour recueillir des éléments d'histoire constitutionnelle turque.

L'ex-moniteur de planche à neige est bien le fils de son père : il est animé par le même mépris viscéral du Québec, et sa propagande haineuse est… libéralement propagée, comme il se doit, dans un medium de langue anglaise. Il est le digne successeur du très libéral premier ministre Mackenzie King, qui, en 1937, rendait encore hommage à Adolf Hitler, entre deux conversations avec sa mère et son chien défunts devant sa boule de cristal.

Les aristocrates, du seul fait de leur naissance, ont toujours eu droit à une grande visibilité sur la scène politique. Tout s'achète, y compris les postes électifs et les tribunes. Une réalité incontournable, mais qui ne favorise les débats rationnels. Cela dit, certains acquéreurs sont plus demeurés ou plus dangereux que d'autres. In fine, le discours creux de Justin rejoint celui de Trump, sauf que ce dernier maîtrise sa langue maternelle, a une bien meilleure présence de scène, a beaucoup plus de verve et, surtout, a, lui, un formidable intellect : il ne faut pas se laisser leurrer par une habile - bien qu'odieuse - exploitation du filon redneck.

L'acteur inculte qui joue les premiers rôles a tort de prendre des initiatives et de s'éloigner de son scénario mémorisé, même s'il est doté d'une belle chevelure. Déjà que le mignon petit Justin, qui se bornait à réciter ses réponses toutes faites pendant la campagne électorale, se trompait souvent de boutons et actionnait les enregistrements qui n'étaient pas pertinents quant au sujet… Par contre, l'ex-acteur de série B Ronald Reagan, lui, savait choisir des rôles à sa mesure et sa prestance était irréprochable.

N'est pas scénariste ou réalisateur qui veut.

LP

Tuesday, December 8, 2015

Le 8 décembre 2015. L'état d'urgence en France.



The power to do good is also the power to do harm.
- Milton Friedman.


Qui sème le vent récolte la tempête.
- Osée 8:1.

Suite aux attentats terroristes du 13 novembre dernier, l'état d'urgence est en vigueur en France. Elle est en guerre, parait-il, et le premier ministre Valls a notamment invoqué l'effrayante perspective d'attentats bactériologiques et chimiques.

(On passera rapidement sur les opinions des spécialistes en la matière, qui déclarent que cette forme de violence est fort peu probable vu les obstacles logistiques quasi-insurmontables.)

Cela dit, le mot "guerre" fait depuis longtemps partie de la rhétorique politique : il suffit de se souvenir de la "war on drugs" lancée jadis par Richard Nixon aux Etats-Unis, qui s'est soldée par une défaite pire que celle du Vietnam.

Nul doute que la France - et l'occident - fait face à de graves actes criminels. Toutefois, est-elle "en guerre", ou fait-elle face à un "autre danger public menaçant la vie de la nation" au sens de l'art. 15 de la Convention européenne des droits de l'homme, invoqué par elle? Ce texte dispose :

 Article 15 – Dérogation en cas d’état d’urgence. 1 En cas de guerre ou en cas d’autre danger public menaçant la vie de la nation, toute Haute Partie contractante peut prendre des mesures dérogeant aux obligations prévues par la présente Convention…

745 homicides ont été comptabilisés en 2013. Pour cette année, il faudra bien ajouter aux chiffres les 130 victimes du 13 novembre et les 12 morts de Charlie hebdo. Le problème policier est là, mais… militaire? Les spectaculaires mitraillages perpétrés en masse et en direct au petit écran par des détraqués au nom d'une doctrine religieuse sont-ils plus odieux que les meurtres plus éparpillés et feutrés commis par les trafiquants de drogue ou les cambrioleurs? La France est-elle plus "en guerre" que pendant les années 70, lorsqu'elle faisait face au terrorisme des brigades rouges et du "chacal" Carlos et que pendant les années 90 où sévissaient les terroristes islamiques?

On peut s'attendre à ce qu'une victime des abus de pouvoir des autorités françaises conteste ultérieurement devant la Cour européenne des droits de l'homme la réalité de l'"état de guerre".

Le langage du droit ne suit pas toujours l'hyperbole.

En 2015, l'arbitraire policier ne s'est pas fait attendre.

Des écologistes et altermondialistes, notamment se sont déjà fait harceler par des forces de l'ordre très sélectives et sont d'ores et déjà soumis à des perquisitions, assignations à résidence, et contrôles administratifs oppressifs, comme par hasard au moment où sont interdites les manifestations en région parisienne en période de COP 21… Pourtant, ils ne vivent pas dans la clandestinité, ils ne sont pas particulièrement réputés pour leur pratique religieuse rigoriste et leur maniement de la Kalashnikov et ne font exploser qui que ce soit - et notamment pas eux-mêmes… Par contre, ils s'opposent, par exemple, à l'usage des pesticides et des OGM en agriculture. Comme djihaddistes manipulant le bouillon de culture et triturant l'isotope, on a vu plus ferré.

Et d'aucuns feignent de s'étonner de la percée, dimanche dernier, du Front National au premier tour des élections régionales en France…

Les dérives françaises doivent alerter les Canadiens : il ne faut pas oublier que, vu son libellé large, la démagogique Loi antiterroriste de 2015, promulguée à la sinistre initiative du gouvernement Harper, pourrait viser les pacifiques activités des écologistes.

Le premier ministre Manuel Valls, se prendrait-il pour la réincarnation de Guy Mollet?

LP