Sunday, August 30, 2015

Le 30 août 2015. Faut-il loger à la même enseigne tous les enseignants de français du Québec?



Le style, c’est le mot qu’il faut. Le reste importe peu.
- Jules Renard.          

En cette période de rentrée des classes, le ministre de l'Education, François Blais, vient de déclarer publiquement être quelque peu dubitatif quant au niveau linguistique de nos professeurs de français, alors qu'ils sont censés être des modèles.

Voilà une intervention qui a interpellé nul autre que Fernand Gervais, éminent doyen de la faculté des sciences de l'éducation de l'université Laval.
                                    
Vendredi soir dernier, sur les ondes de RDI, il s'est voulu rassurant pour les parents : ils n'ont rien à craindre sur le plan de la compétence de la part du personnel chargé de former nos adorables petites têtes blondes du primaire et du secondaire dans la langue de Rabelais puisque les examens qu'ont passés et réussis nos pédagogues diplômés constituent des "filets de sécurité". On appréciera donc à leur juste valeur les quelques joyaux que voici.

Evoquant l'un de ces filets, il a eu recours à la formule "le test que je référais" (sic) (alors que l'on se fût plutôt attendu à "l'examen que je mentionnais"). Comme tout un chacun, il veut que nos enfants "soient enseignés par des enseignants compétents" (sic) (surtout si ceux-ci évitent la voie passive incorrectement calquée de l'anglais). Pour ce faire, il a dit, à plusieurs reprises, qu'il faut consacrer à leur formation "toutes les ressources" nécessaires (cette magnificence promise eût été encore plus appréciée si l'on n'eût entendu "raissources", prononciation issue du terroir québécois). Il va sans dire qu'ils doivent "être très connaissants au niveau… de la langue" (sic) (en effet, mais il serait peut-être préférable qu'ils la maîtrisassent).

Cela dit, rendons hommage au doyen Gervais, qui concède, avec une ouverture d'esprit digne d'éloges, que les préoccupations du ministre Blais sont légitimes. A la question suivante : "Est-ce que la déclaration du ministre est un appel à tous… pour s'assurer que les enseignants de français maîtrisent bien la langue?", sa réponse fut un cri du cœur : "Définitivement, définitivement" (sic)…

On abonde "absolument", "tout à fait" dans son sens.

Il fallait un pédagogue chevronné comme le doyen Gervais pour exposer aussi clairement au public l'état des lieux scolaires québécois. En suivant une interviouve dense et didactique de 7 minutes seulement, on a tout compris.

Un modèle du genre.

LP

Monday, August 17, 2015

Le 17 août 2015. Mariage royal à Québec.



Pour se marier, il faut un témoin, comme pour un accident ou un duel.
- Sacha Guitry.

Dans tous les cas, mariez-vous. Si vous tombez sur une bonne épouse, vous serez heureux; et si vous tombez sur une mauvaise, vous deviendrez philosophe, ce qui est excellent pour l'homme.
- Socrate.



Pierre-Karl Péladeau et Julie Snyder ont uni leurs destinées à Québec samedi dernier.

La promise, mère de leurs deux enfants, était resplendissante dans sa robe immaculée, tandis que le jeune marié est écologiquement arrivé en vélocipède.

Etait convié le gratin politique et culturel québécois; d'ailleurs, a instrumenté le maire de la vieille capitale, Régis Labeaume; c'était bien le moins. Il s'imposait logiquement qu'y rendissent hommage à la dulcinée et à son maître et seigneur toutes les féales personnalités souverainistes. N'oublions surtout pas la présence de Michel Drucker, qui projette depuis plusieurs décennies l'image du gendre idéal dont rêvent toutes les mères de France et de Navarre.

Nul doute que les électeurs de la province ont goûté cette majestueuse cérémonie, d'autant plus que les tourtereaux, qui savent vivre avec leur temps, ont daigné autoriser les membres du Tiers état à s'approcher d'eux et les ont chaleureusement salués.

L'on est en droit d'espérer que le nouveau couple fera la couverture de la presse pipole comme "Voici", "Gala", et même "Point de vue".

LP

Wednesday, August 12, 2015

Le 12 août 2015. La rhétorique électorale au Canada.



I don't want to make the wrong mistake.
- Yogi Berra.

It's very hard to step into a job when people are just dismissing you as a pretty face, and saying you got your job only because your surname is McMahon.
- Julian McMahon

Nous apprenons de la bouche de Trudeau II que le grand bitumier et premier ministre Steven Harper "est ancré et focussé sur son propre intérêt". Sic.

Il a beau être le fils de son père, il n'en a pas la langue française.

Cela dit, Justin est le digne successeur de Jean Chrétien. S'il est élu, le plus meilleur pays au monde est assuré d'avoir un deuxième premier ministre bilingue dans les deux langues officielles.

Un peu plus mignon, cependant.

LP

Saturday, August 8, 2015

Le 8 août 2015. Elections au Canada: le premier débat des chefs (du 6 août).



Le cinquième ange sonna de la trompette. Et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre. La clef du puits de l’abîme lui fut donnée, et elle ouvrit le puits de l’abîme. Et il monta du puits une fumée, comme la fumée d’une grande fournaise ; et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits. De la fumée sortirent des sauterelles, qui se répandirent sur la terre ; et il leur fut donné un pouvoir comme le pouvoir qu’ont les scorpions de la terre.
- Apocalypse 9:1-3.

Les pontes de plusieurs médias déclarent que le vainqueur du débat, aux points, est le prince héritier, Trudeau II. Ils ont raison.

En effet, il était si bien formaté et bichonné que, comme Sarah Pailin naguère, il a réussi l'exploit de ne commettre aucune bourde; réciter mécaniquement un scénario bien mémorisé, ça évite les surprises. Une belle performance, en effet, de la part de la caricature de Ken (le petit ami de Barbie). On lui pardonnerait presque la mièvrerie de sa conclusion : il a le Canada dans la peau et dans les os, et voilà pourquoi il veut devenir notre premier ministre.

Sur le fond, l'électeur a eu droit à quelques éléments d'information pertinents.

Avec son indéfectible sourire onctueux, Tom Mulcair a presque réussi à occulter son tempérament de caractériel, mais on sait au moins que s'il est élu, il abrogera purement et simplement la stalinienne Loi antiterroriste de 2015. En outre, en ce qui concerne un très hypothétique référendum sur la souveraineté au Québec, il a, très clairement, répété s'en tenir à la formule 50$%+1. Chose curieuse, nul n'a relevé que Ken - pardon, Justin -, qui la rejette (la formule, pas seulement la souveraineté), s'est ineptement dérobé au défi lancé par le chef du NPD de donner, clairement, son propre chiffre, en s'abritant derrière l'opaque Loi sur la clarté (une coquille vide sur le plan juridique), laquelle n'en donne aucun. Et pour cause.

Les bitumiers albertains ont transformé les environs de Fort MacMurray en un gigantesque et pestilentiel "Love Canal" (il était écrit que la "Bible belt" canadienne nous donnerait un avant-goût d'apocalypse); logiquement, il incombait à leur directeur des relations publiques, Steven Harper, d'avouer que le pays est en récession et d'annoncer qu'il maintiendra, dans l'avenir prévisible, son illégal moratoire concernant les nominations au Sénat (encore que, échaudé par la performance de Patrick Brazeau, un exemple parmi d'autres, on peut lui accorder les circonstances atténuantes).

Enfin, nulle démagogie, nulle esquive, nulle citation de statistiques tronquées de la part d'Elisabeth May, du parti vert, qui a fait preuve d'une excellente maîtrise des questions économiques : désormais, le public sait notamment que, en matière commerciale, il y a plus de barrières entre les provinces qu'entre les Etats de l'Union européenne; un scandale canadien. De surcroît, son rejet de la loi antiterroriste de 2015 s'appuie sur des arguments solides, notamment sur des réactions d'experts du MI5 anglais, dont il ressort qu'elle est plus au fait des questions de sécurité nationale que les millénaristes du Reform Party - pardon, du parti conservateur.

De quoi nourrir la réflexion des Canadiens.

LP


Saturday, August 1, 2015

Le 1er août 2015. "The mouse that roared".



Wimoweh, wimoweh, wimoweh, wimoweh
Near the village, the peaceful village
The lion sleeps tonight
Near the village, the quiet village
the lion sleeps tonight
- Chanson zouloue,
 reprise en français par Henri Salvador sous le titre Le lion est mort ce soir.

Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton frère. 
- Matthieu 7:5.

Le dernier exploit du dentiste Walter Palmer, grand mordu de chasse au gros gibier devant l'Eternel, s'est répandu comme une traînée de poudre dans notre zoo planétaire et a provoqué d'assourdissants rugissements d'indignation.

La mort de Cecil, magnifique lion à la crinière noire, suscite la colère, notamment parce que l'on appris que, par le passé, le Dr Palmer a fait feu sur des animaux au mépris des lois locales de protection de la faune. Le roi de la couronne n'en est pas à son coup d'essai.
                         
Le voilà vilipendé, ce qui est compréhensible, mis au pilori du web, et il fait même l'objet de menaces de mort, ce qui l'est moins. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement zimbabwéen veut maintenant mettre en branle tout le mécanisme d'une majestueuse justice : il réclame des Etats-Unis l'extradition du tireur à l'arbalète. Rien que ça.

On aurait pensé que tel est le genre de cause qui ne mérite pas de garder occupés des armées de juristes spécialisés en droit pénal international, qui ont d'autres chats à fouetter.

Nul ne songe à féliciter le dentiste braconnier, (à la possible exception de la National Rifle Association) et surtout pas de la première arme choisie en l'occurrence, d'autant plus que le malheureux félin a agonisé pendant 40 heures avant d'être achevé, avec une arme à feu cette fois. Il est entièrement légitime d'invoquer les agissements d'un débile redneck avide de sinistres trophées pour illustrer, a contrario, l'importance de la protection de la nature.

Impossible donc de dire qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat.

Pour autant, nul ne semble avoir relevé cette troublante incongruité : des mesures judiciaires draconiennes et spectaculaires sont maintenant réclamées par un gouvernement dirigé depuis 1980 par un voleur, un tyran, un psychopathe sénile qui a fait brutaliser, violer, torturer - pendant plus de 40 heures-, affamé et froidement assassiné plus de Nègres que tous les dirigeants blancs réunis de l'ex-Rhodésie.

La mort d'un roi-lion laisse dans le deuil plusieurs lionceaux, mais combien de petits Zimbabwéens ont été rendus orphelins par les Einsatzgruppen du président à vie?  Le vrai gibier… de potence est bien évidemment l'infâme Robert Mugabe. Mais l'on n'aperçoit aucun tribunal international à l'horizon.

La protection de la faune est un noble objectif écologique, mais la priorité devrait être accordée aux êtres humains, censés être, précisément, les bénéficiaires d'une saine nature.

Le pauvre Cecil fut leurré hors de son parc par une carcasse. Pour l'instant, les relents de ses propres restes servent à masquer la puanteur des charniers émaillant un pays abandonné à son triste sort où nul village n'est paisible.

Car le chacal, lui, n'est pas encore mort ce soir.

LP