Monday, October 20, 2014

Le 20 octobre 2014. Le bon Français Eric Zemmour disserte sur "Le suicide français".



Les hommes d'autrefois n'étaient pas comme les Français dégénérés d'aujourd'hui, des êtres veules et sans ressort, subissant patiemment toutes les infamies, ils entendaient défendre leurs enfants et les protestations étaient énergiques.
- Edouard Drumont.

Nous combattrons, comme nous le fîmes toujours, cette anarchie cosmopolite qui remet à des étrangers de naissance ou de cœur le gouvernement de la France, l'anarchie universitaire qui confie l'éducation des jeunes français à des maîtres barbares, les uns juifs, d'autres protestants, lesquels, avant d'enseigner parmi nous, devraient eux-mêmes se polir au contact de la civilisation, de l'esprit et du goût de la France. Nous montrerons dans la clarté qui suffit à leur faire honte, les plaies d'anarchie domestique, tuant l'autorité des pères ou l'union des époux, et, la pire de toutes, l'anarchie religieuse acharnée à dissoudre l'organisation catholique ou tentant de refaire contre l'Église une unité morale en la fondant sur des Nuées.
- Charles Maurras.


En France, Eric Zemmour récidive.

Par le récent passé, il s'est illustré notamment par son approbation du contrôle policier plus serré des Noirs et des Arabes, vu que ces deux ethnies sont très bien représentées chez les trafiquants de drogue, et par ses accusations dirigées contre la ministre Taubira, d'origine guyanaise, censée attaquer "l'homme blanc".

Il vitupère régulièrement contre les immigrants inassimilables, notamment musulmans. Les féministes ne trouvent pas non plus grâce à ses yeux. Quant aux homosexuels…

Il joue maintenant les Cassandre avec son dernier brûlot: "Le suicide français".

Après la propagande raciste de l'Action française de la Belle époque et de l'entre-deux-guerres, après la dénonciation par Louis-Ferdinand Céline, du péril juif dans les années 30, du péril jaune à la fin des années 50, le discours de M. Zemmour en 2014 n'est sans doute pas tout à fait original. Sa thèse est simple: rien ne va plus en France depuis mai 1968. Vu la démission des institutions politiques depuis 40 ans, la doulce France est au bord du gouffre… "la destruction se fera dans les ruines, dans le sang et donc dans la souffrance."

On glissera rapidement sur les chiffres plus ou moins controversés sur lesquels il s'appuie, par écrit et sur les plateaux de télévision, en matière d'immigration, pour affoler la population "française" (la vraie).

Cependant, est révélatrice l'horreur que lui inspire les mariages mixtes.

Alors qu'on eût cru que ces unions étaient, précisément, la meilleure garantie d'une assimilation en douceur, Eric Zemmour voit dans les conjoints exotiques une cinquième colonne génétique pour la France éternelle.

Tout cela émane d'un malingre personnage au teint bistre, dont les ancêtres ont bénéficié du décret Crémieux de 1870, lequel a accordé, du jour au lendemain, la pleine et entière citoyenneté française, en bloc, à tous les Juifs algériens, qui étaient alors essentiellement des Arabes de religion juive, à peine distinguables de leurs voisins musulmans, ce qui a résulté en leur francisation extraordinairement rapide, en une ou deux générations.  De ce fait historique, Eric Zemmour aurait peut-être dû, a contrario, tirer l'enseignement que les problèmes d'intégration dépendent parfois plutôt du faible esprit d'ouverture du pays d'accueil.

Il faut donc prendre ses jérémiades avec un certain recul.

Il avait prédit, avec aplomb, lors de la dernière coupe du monde de football, une cuisante défaite à l'Allemagne, dont l'équipe était, selon lui, handicapée par son trop grand nombre de joueurs d'origine turque. Cependant, non seulement elle a remporté sa quatrième coupe en battant l'Argentine en finale, mais, au passage, elle a bel et bien exécuté le Brésil avec un score de 7-1…

N'est pas prophète qui veut.

Le rappel de ce comique épisode lui a d'ailleurs valu de se faire ridiculiser il y a quelques jours à l'émission "On n'est pas couché", ainsi que son aveu de n'avoir jamais fait de voyage au Québec. Il est déjà dommage qu'un "journaliste", surtout "français", se voulant commentateur éclairé de l'actualité sociale, nationale et internationale, ne possède pas un niveau acceptable d'anglais; un possible reflet de son rejet de la méthode journalistique anglo-saxonne, qui consiste à exposer d'abord les faits bruts : pour Eric Zemmour,  exposer les faits, c'est une manière de masquer les faits…

Cela dit, faire connaissance, sur le terrain, avec une société francophone outre-Atlantique eût pu élargir ses horizons intellectuels.

A la rigueur, on éprouvera une certaine compassion pour un grimaçant diablotin complexé, aspirant au titre de petit Juif de Cour (il faut traduire "Court Jew", puisque cette expression est incompréhensible pour M. Zemmour, semblable à la délicieuse formule allemande "Kaiser Jude", Juif de l'empereur) qui régurgite de manière grossièrement "codée" les poncifs lepénistes et qui recycle, en substance, la visqueuse doctrine d'Edouard Drumont, député antisémite d'Alger de 1898 à 1902, par la simple substitution des nègres et autres bicots aux "youtres".

"Le suicide français" de 2014 est la suite logique de "La France juive" de 1886.

Tel est le prix à payer lorsque l'on postule pour le titre de "goy honoraire". Les Etats-Unis de la guerre froide ont eu Roy Cohn, le pouvoir boer d'Afrique du Sud se fit servir par le procureur Percy Yutar.

Les pétainistes français ont aujourd'hui leur "Uncle Tom" : Eric Zemmour.

Et passe encore qu'il joue les Charles Maurras, aux yeux duquel les métèques italiens, polonais et autres belges étaient, cela va sans dire, comme l'histoire l'a prouvé, voués à rester des corps étrangers irréductibles.

Mais si l'on ne saurait nier que M. Zemmour est du sexe masculin, hétérosexuel, et de nationalité française - même s'il sent l'huile-, il lui faut une certaine outrecuidance pour se prendre pour un blanc.

LP

Tuesday, October 14, 2014

Le 14 octobre 2014. Une messe est concélébrée par Mgr. Gérald Cyprien Lacroix à Rome.




Heureux les pauvres en esprit.
- Matthieu 5:3. 

En avril dernier, le frère André s'est fait rejoindre au panthéon de tous les saints par sœur Marie de l'Incarnation, et François de Montmorency. Un événement exceptionnel qui appelait la participation de Mgr. Lacroix, archevêque de Québec, dans la basilique Saint-Pierre de Rome, à la messe de l'action de grâce de dimanche dernier.

Il était urgent, en effet, que son archevêché obtînt ses propres saints, car il eût été injuste que l'oratoire Saint-Joseph de Montréal disposât d'un monopole du lucratif tourisme religieux au Québec. Voilà qui explique sans doute cette canonisation rapide, "équipollente", c'est-à-dire sans miracle. Puisque nulle guérison surnaturelle ne pointait à l'horizon, François, PDG de l'Eglise, a pris les mesures nécessaires pour que la vieille capitale ait aussi sa part du gâteau en temps utile.

Rendons hommage à un bourreau de travail qui, en à peine plus d'une année de pontificat, remporte déjà la palme du plus actif canonisateur. En outre, la canonisation équipollente, en principe une procédure d'exception, est devenue courante avec lui. Les miracles se font de plus en plus rares par les temps qui courent, mais honnis soient ceux qui pensent que le Saint-Père "brade" la sainteté car, selon la doctrine de l'ex-grand Inquisiteur, Benoît XVI, doivent être quand même réunis trois éléments :

1)  la possession ancienne d’un culte ;
2)  l’attestation constante et répandue des vertus ou du martyre par des historiens dignes de foi ;
3)  la réputation ininterrompue d’accomplissement de prodiges.

On relèvera aussi la prière de sa Sainteté, à cette émouvante occasion, pour que le Québec redevienne une terre de missionnaires. Voilà qui risque de rester un vœu pieux.

Apparemment, à Rome, on n'est pas au courant de l'élévation du niveau d'instruction de la population québécoise au cours des 50 dernières années, ce qui s'est traduit par la diminution des vocations.

Ce sont les terroirs où les indigènes ont encore du mal à faire la part du rationnel et du surnaturel qui constituent, de nos jours, les viviers d'ecclésiastiques, y compris les expats'. D'où l'afflux, notamment au Québec, de clercs exotiques comportant un faible pourcentage de blonds aux yeux bleus.

Cependant, tout n'est pas sombre :les Saguenéens, dont le maire persiste à faire une prière à l'ouverture du conseil municipal, sont, peut-être, les Québécois les plus susceptibles de répondre, en matière de commerce religieux international, aux aspirations de Vatican, Inc.; en outre, le Saint-Siège social devrait aussi mettre en relief les avantages marginaux d'une affectation dans le tiers-monde, comme la consommation facile de chair virginale, en toute impunité.

Cela dit, il faut voir les choses en face : globalement, le Québec est plutôt devenu une terre de mission.

Un juste retour d'ascenseur?

Et n'oublions jamais que la racine du mot "concélébration" est "célébration".

LP


Saturday, October 11, 2014

Le 11 octobre 2014. Funérailles "privées" pour Baby Doc en Haïti aujourd'hui.



"Patriotism is the last refuge of a scoundrel."
- Samuel Johnson


Il y a quelques jours, Jean-Claude Duvalier, l'ex-tyran haïtien, est bel et bien arrivé en enfer.

Il y a rejoint son ancienne groupie, Mère Teresa, qui, dorénavant, mijote dans sa marmite en excellente compagnie (à proximité du chaudron où bout Idi Amin Dada). Tel est le châtiment éternel indiqué pour un amateur de fins petits déjeuners au homard ayant affamé et torturé pendant 15 ans ses (non-)administrés.

Ici, sur terre, on frémit d'horreur en pensant que ce monstre sanglant a failli bénéficier de funérailles d'Etat, même si la notion d'"Etat haïtien" est un oxymore, un fantasme poétique qui ferait presque sourire. Mais s'étonner de la démentielle initiative du président Martelly, c'est oublier que l'ex-perle des Antilles est une république de bananes faisandées. C'est égal, à peine moins fétide fut la présence, à cette funèbre bouffonnerie, de quelques centaines de débris d'une ancienne garde prétorienne, auxquels se sont mêlés, à titre soi-disant privé, des représentants du président et du premier ministre actuels. 

Oserait-on espérer que ce grand-guignolesque épisode incitera les contribuables des Etats bailleurs d'aide financière internationale à une douloureuse, mais saine réflexion?

Il confirme, si besoin en était, que seul un protectorat de 20 ans (après réflexion, disons plutôt 30), exercé par une puissance occidentale, pourrait offrir une lueur d'espoir à un peuple martyrisé et mis en coupe réglée depuis des décennies par des roitelets et chefs de tribu affichant, le jour, leur pharisaïque catholicisme, qui se métamorphosent, dès la tombée de la nuit, en suppôts de la sorcellerie vaudou.



Au palais présidentiel, on a qualifié l'ex-président à vie d'"authentique fils d'Haïti".



Le plus tragique est qu'il y a là, sans doute, une parcelle de vérité.

LP