Monday, August 25, 2014

Le 25 août 2014. Les bibliothèques scolaires sont-elles une priorité au Québec?



« Un beau livre, c'est celui qui sème à foison les points d'interrogation. »
- Jean Cocteau

 « A quoi bon apprendre ce qui est dans les livres, puisque ça y est ?  »    
- Sacha Guitry

« Les livres ont les mêmes ennemis que l'homme : le feu, l'humide, les bêtes, le temps, et leur propre contenu

- Paul Valéry

Le ministre de l'éducation du Québec vient de lancer une idée brillante en ce qui concerne les priorités budgétaires des commissions scolaires : il leur suggère de faire des compressions dans les achats de livres, puisqu'il y en a suffisamment, si on compte surtout ceux qui ont été achetés "il y a 20 ans", notamment en matière d'histoire, de sciences et de géographie. Il ne faut jamais sous-estimer le Dr Bolduc. Nul ne doit se laisser abuser par son visage poupon, ses lourdes paupières filtrant un regard bovin, sa voix geignarde et sa lenteur verbale. Tout cela n'est que trompe l'œil et cache habilement une remarquable vivacité d'esprit.

Comme il fallait s'y attendre, les réactions indignées des prétentieux élitistes ont fusé.

Mais l'on comprend plus difficilement la réaction défavorable de Philippe Couillard, baron de Jersey, même s'il a des excuses : il s'agit un ancien élève du collège Stanislas, et qui affectionne les citations de philosophes grecs. Pourtant, son subordonné, le Dr Bolduc, est la preuve vivante que la lecture de ces penseurs fumeux est inutile pour acquérir la dextérité qui lui a permis de traiter 1600 patients tout en étant député, un mandat en principe à temps complet.

Manifestement, voilà une personnalité qui ne s'inscrit pas dans la tradition des médecins hommes de lettres, qui a produit un Georges Duhamel en France, un AJ Cronin en Ecosse, et un Jacques Ferron au Québec. Il ne faut sans doute pas compter sur lui pour rédiger la version québécoise de "La chronique des Pasquier". Mais quelle importance?

Saluons plutôt un ministre de l'éducation qui a les deux pieds dans la glaise et qui a su  concevoir une solution fort judicieuse et pourtant si simple. Il suffisait d'y penser. Il n'y a que des intellos oisifs pour se répandre en diatribes au sujet de la quantité disponible de documents chargés de signes cabalistiques, sans intérêt pour les élèves.

D'ailleurs, pourquoi s'arrêter en si bon chemin?

En cette période de disette financière, on pourrait rationaliser l'espace occupé dans les bibliothèques scolaires, ou municipales, en réduisant le nombres de livres. Pour ce faire, quoi de mieux que les autodafés? Non, on ne meurt pas d'une pénurie de livres, comme en témoignent  les majestueux feux de joie nocturnes parrainés par le Dr. Josef Goebels dans les années 1930, une belle formule carnavalesque reprise plus tard par le général Pinochet.  

Au final, les bibliothèques québécoises n'ont besoin que d'un seul livre: "Fahrenheit 451".

LP

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