Tuesday, August 19, 2014

Le 19 août 2014. L'abbé Raymond Gravel est décédé



Serpents, race de vipères! comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne ?
- Matthieu 3: 7

Je suis le chemin, la vérité et la vie ; nul ne vient au Père que par moi.
- Jean 14:6.

L'"abbé Pierre" canadien nous a quittés pour un monde meilleur. Paix à son âme. Il se fait encenser (au propre comme au figuré) par la classe politique.

Saluons la personnalité humaniste qui est passée par de terribles épreuves, la prostitution et la toxicomanie. En outre, malgré son tabagisme qui a commencé à l'âge de 11 ans, il a quand même atteint l'âge plus ou moins canonique de 61 ans; on pourrait presque parler de miracle…

Il a un jour découvert le Christ et est devenu l'apôtre des démunis.

Sans vouloir jouer les trouble-fête, il n'est pas indécent de relativiser l'efficacité de sa démarche.

On relèvera que son obéissance au Vatican lui a valu de ne pas prolonger son expérience politique. 
D'ailleurs, si, du bout des lèvres, on l'avait autorisé à se présenter la première fois aux élections fédérales en 2006, on comptait manifestement sur sa défaite… Espoir déçu. En 2008, il est devenu impossible de finasser et l'interdiction pure et simple fut prononcée.

En effet, Notre Sainte-Mère l'Eglise n'aime pas que ses clercs briguent des postes électifs, craignant que la politique ne salisse ses délicates mains…

Pourtant, l'Eglise ne se borne pas à l'entrave à la justice en matière de pédophilie ecclésiale. La perversion du processus politique n'a pas de secrets pour elle. Sous le manteau, ou plutôt sous la soutane. Conformément à sa duplicité plus que millénaire.

Et pas toujours de manière pas si feutrée. On méditera, par exemple, les pressions exercées sur les législateurs argentins et irlandais afin d'empêcher l'adoption de lois sur le divorce; les menaces d'excommunication visant les élus de tous pays votant en faveur de lois sur l'avortement; sa lutte sans merci contre la contraception. Interventions bien politicardes qui traduisent le caractère totalitaire de l'Eglise qui cherche à tyranniser la société dans son ensemble, alors que nul législateur ne contraint les époux cathos à divorcer : ils sont libres de continuer à cohabiter et à se déchirer; nulle catholique croyante n'est obligée d'avorter ou empêchée de mettre bas 15 fois de suite.

(Incidemment, pour les ministres du culte sodomisant les petits paroissiens, la question de la contraception demeure sans intérêt pratique, et il est permis d'opiner qu'un prêtre politicien est un peu moins souillé qu'un cardinal jetant la première pierre sur une fillette brésilienne violée de 9 ans qui réclame le droit à l'avortement.)

Mais on rend grâce à l'abbé Gravel pour sa croisade, contre l'obscurantisme, et en faveur de la modernité dans l'Eglise.

On admettra que, par exemple, il est cohérent de s'opposer au célibat ecclésiastique - qui ne fut définitivement imposé qu'au XIe siècle - et de lui rester fidèle.

Toutefois, peut-on logiquement se heurter à des dogmes fondamentaux et défendre le mariage homosexuel, l'ordination des femmes, le droit à l'euthanasie, la tolérance en général, et y conserver sa place?

Pis : comment adhérer à une institution laquelle, si elle a perdu le pouvoir séculier de brûler les hérétiques, persiste à disséminer l'infantilisante mythologie des Evangiles, des guérisons miraculeuses, de mère Teresa et à canoniser des névropathes comme le frère André afin de stimuler la lucrative industrie du pèlerinage?

Ah, mais l'abbé Gravel a eu la conviction qu'une ère nouvelle a commencé avec l'élection (oui, "élection"…) du ronronnant pape François, pêcheur de midinettes, qui non seulement ne se sent plus capable de juger les homosexuels, mais assure même que les athées ne sont plus exclus du paradis!

Il faut avoir la primaire foi du charbonnier (surtout dans une certaine presse) pour ne pas comprendre que l'Eglise, après avoir été dirigée pendant des siècles essentiellement par des "bad cops", est maintenant dans une nouvelle phase de "good cop"… Une grossière, mais efficace, opération de relations publiques, digne des publicistes de Madison Avenue. Avec quel brio on occulte la menace fondamentale du Christ : Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. (Matthieu 10: 34).

Et tolérer, dans une mesure bien étudiée, des "électrons (plus ou moins) libres" comme les abbé Gravel, les dom Helder Camara… s'inscrit dans la rouée stratégie de marketing de l'Eglise, qui lui permet de souffler le chaud et le froid et d'appâter les gobeurs. L'art de ratisser large… Cela donne un vernis de crédibilité à l'Eglise et à ses fables.

L'éternel mirage du totalitarisme à visage humain…

Faut-il rappeler que les angéliques - quoique illuminés - Saint-François d'Assises n'ont jamais empêché l'émergence des sataniques Torquemada? Et que, en France, Mgr. Gaillot est toujours évêque in partibus des sables de Partenia?

Difficile de nier que l'abbé Gravel était une âme attachante. Un bémol cependant.

Sa compassion pour les victimes d'abus sexuels ne semble pas l'avoir amené à appeler sa hiérarchie à s'agenouiller en public afin d'implorer leur pardon. Elément plus troublant:  sa réprobation des actions judiciaires en indemnisation marquait la limite de sa rébellion. The "buck" stops there.

En 2008, il a raté la divine occasion de pousser sa réflexion et d'opter pour la poursuite de son action sociale par la voie séculaire - politique ou autre - et ainsi cesser, en prime, de cautionner le message de haine des Evangiles, surtout son venin antisémite.

Qui sont les vraies vipères?

LP                                                                              

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