Saturday, November 25, 2023

L'assassinat de JFK : Radio-Canada décode.

Le 25 novembre 2023.

 
I haven’t shot anybody, I am just a patsy.
Lee Harvey Oswald.
 
Chacun son métier, les vaches seront bien gardées.
Jean de La Fontaine.

En notre époque de fake news, des émissions comme “Les décrypteurs” sont d’une grande utilité. Mais hélas, les décrypteurs de bonne volonté peuvent se transformer en "en"crypteurs. Tel fut le cas à l’occasion d’un segment diffusé le 18 novembre dernier consacré à l’assassinat du président Johm F. Kennedy, où les présentateurs, Jeff Yates et Alexis de Lancer, ont fait des pieds et des mains pour discréditer la thèse du complot.

Précisons que les rumeurs selon lesquelles JFK, Sr. et JFK, Jr sont toujours en vie, ainsi qu’Elvis, appellent, sans aucun doute, un certain scepticisme. Par contre, les complots politiques, parfois mortels, sont une réalité confirmée depuis des millénaires : Jules César confirmerait. Quelques exemples un peu plus récents : les tentatives d’assassinat contre De Gaulle; l’assassinat du sénateur Grigoris Lambrakis en Grèce par la gendarmerie nationale le 27 mai 1963; de Benigno Aquino le 21 août 1983 par le dictateur Ferdinand Marcos aux Philippines; le coup d’Etat ourdi par la CIA qui a renversé le président Allende au Chili en 1973, etc.. 

 

Alors quid du président Kennedy?

 

Première maladresse de M. Yates : il qualifie John Connally de "sénateur" du Texas, alors qu’il était gouverneur. Les documentalistes de Radio-Canada doivent en prendre pour leur grade.

 

Puis, en ce qui concerne la tentative d’assassinat du général Edwin Walker, activiste d’extrême-droite, du 10 avril 1963, M. Yates a présenté comme un fait établi la culpabilité dOswald alors qu’aucune source policière indépendante ne s’était prononcée en ce sens. Ce “fait”, “magique” (comme une certaine balle) ne fut invoqué que par la seule commission Warren, dont la propre crédibilité est, précisément, en cause. Un raisonnement circulaire.

 

Mais le comble est que M. Yates a déclaré, avec aplomb, que, pour la police de Dallas, la culpabilité d’Oswald était établie par des preuves accablantes le soir même du 22 novembre. Sans tests ballistiques, scientifiques, rien. Une affirmation émanant d’une source plus qu’intéressée. Un autre exemple de raisonnement circulaire. En effet, l’assassinat providentiel du présumé tueur Oswald par le truand Jack Ruby, dans les locaux même de la police, rend plus que probable la propre (si l’on ose dire) participation de celle-ci à l’élimination du président. À moins, évidemment, de prêter foi à la thèse, censée être beaucoup moins farfelue, portant que le sentimental Ruby, a commis son geste sponte sua afin d’épargner à la pauvre veuve éplorée Jacquie la douleur d’un procès. En effet, sont notoires les propriétaires de “strip joints” pour leur incurable sentimentalisme “fleur bleue”. Surtout quand ils sont étroitement liés à deux institutions (d’ailleurs connues pour leur porosité) : la pègre et une police corrompue jusqu’à l’os et infiltrée par le Ku Klux Klan.

 

On notera aussi l’intervention dans l’émission en question de la professeure Karine Prémont, de l’université de Sherbrooke. Elle soutint alors, pour nier implicitement la possibilité du complot, que 98% des documents relatifs à l'assassinat de JFK ont été rendus publics. Cette éminente universitaire a omis de précisé qu’ils sont très caviardés et il y a regrettable confusion entre la quantité et la qualité.

 

Quant aux possibles commanditaires, on ne peut exclure aucun scénario, mais quiconque prétend s’exprimer au sujet de la tragédie du 22 novembre 1963 doit commencer par le commencement :  compulser le magistral livre de Mark Lane : “Rush to Judgment: A Critique of the Warren Commission's Inquiry into the Murders of President John F. Kennedy, Officer J.D. Tippit and Lee Harvey Oswald. Aussi fascinant qu’un roman policier, sauf qu’on est dans le vécu. Chose remarquable, l’auteur n’apporte aucun élément externe et ne désigne aucun coupable : il décortique méticuleusement, rationnellement, sobrement, le rapport Warren “tel quel”, sans en sortir, en en faisant ressortir les incohérences et les absurdités : ce torchon se démolit lui-même. Mark Lane se borne à constater que la culpabilité d’Oswald, au minimum comme tireur unique, était une impossibilité matérielle. 

 

Même si le FBI et surtout la commission Warren ne faisaient pas partie du complot de l’assassinat à proprement (si l’on ose dire) parler, il y eut complot du silence par la suite. Ils ont dit ce que tout le monde voulait entendre, sur ordre du président Lyndon Johnson (qui n'a d’ailleurs jamais cru à la thèse du tireur unique). En 1963-1964, dans l’encore innocente Amérique pré-Watergate, les politiciens ne mentaient pas, les policiers, tous disciples du preux Eliot Ness au petit écran, ne commettaient pas de crimes... 

 

En fait, la preuve la plus spectaculaire du non-sens de la déjection pondue par la commission Warren est qu’un parfait crétin comme Gerald Ford y siégeait.  Pour citer le suave Texan Lyndon B. Johnson : “Gerald Ford played football without a helmet for too long and he is so dumb he can't fart and chew gum at the same time." 

 

(N.B. Cette citation fut ainsi édulcorée par les médias au nom de la décence : “(Ford) can’t walk and chew gum at the same time.” Un triste exemple de désinformation...)

 

En conclusion, on saurait trop recommander l’émission “Les décrypteurs” sur le plan de l’information technologique : de chevronnés experts, mais habiles vulgarisateurs y savent dénoncer, par des analyses d’une impressionnante finesse, avec rigueur, avec brio, les sournois et insidieux pièges informatiques qui polluent l’esprit du consommateur et troublent l’agora. Cela dit, en matière historique et de techniques policières, il y a du travail.

 

LP

 

Friday, November 17, 2023

Les éminences grises qui ont du flair au Canada et en Argentine.

 Le 17 novembre 2023.

 
Plus je vois les hommes, plus j’admire les chiens.
Madame de Sévigné.
 
“Z’avez pas vu Mirza?”
- Nino Ferrer.
 

La planète est riche en personnalités politiques hors du commun. Se sont particulièrement illustrés Donald Trump et Jair Bolsonaro; ils ont fait leurs preuves.

Vient s’ajouter le candidat à l’élection présidentielle Argentine Javier Milei, qui semble avoir de bonnes chances de l’emporter au deuxième tour de dimanche prochain,. Économiste ultralibéral, il se qualifie d’anarcho-capitaliste, et prône, par exemple, la dollarisation de l’économie, l’abolition de la banque centrale, etc..

A noter que c’est le Christ en personne (de concert avec les deux autres?) qui lui a confié sa mission : devenir “el presidente”, ce qui ne l’empêche pas d’avoir été tenté par une conversion au judaïsme, à laquelle il a finalement renoncé vu les contraintes du Shabbat, peu compatibles avec les pressions de la fonction présidentielle (incidemment, on ne sait pas si cette démarche aurait appelé en l'espèce la délicate intervention préalable d’un urologue).

En tout état de cause, Notre Seigneur a eu recours à un canal de transmission ingénieux : Conan, son chien adoré, décédé en 2018. Que l’électeur argentin se rassure : Meili continue à le consulter depuis régulièrement : la mort ne saurait interrompre des liens affectifs aussi forts avec le compagnon qu’il abreuvait de son vivant de champagne et qu’il traitait comme un membre de la famille à part entière, un fils de substitution. Ses chiens, tant défunts que vivants, sont d’ailleurs ses conseillers en matière de stratégie politique, les meilleurs du monde, selon ses propres termes. On l’aura compris.

Tout cela est fort rationnel si l’on considère que Milei suit une recette bien éprouvée : il est le digne disciple d’un homme politique de l’hémisphère nord : Mackenzie King, premier ministre canadien de 1921 à 1948 (pendant trois mandats non-consécutifs). Les ressemblances sont trop frappantes pour n’être que simples coïncidences.

Comme Milei, King était un célibataire endurci et plutôt misanthrope. Il adopta un terrier irlandais qu’il baptisa affectueusement du nom de “Pat”; il lui faisait d’édifiantes lectures et était convaincu que l’esprit de sa défunte mère habitait cette enveloppe canine. Lors d’une maladie en 1940, King dut reporter une réunion du cabinet de guerre afin de prodiguer les soins nécessaires à son plus proche conseiller quadripédique. Lors du trépas de son bien-aimé clébard, le premier ministre entonna le cantique “Safe in the Arms of Jesus”.

Il y eut une succession de “Pats”, mais, à son tour, King resta lui-même fidèle à ses petits canidés disparus, ayant pris la saine habitude de solliciter, par boule de cristal, leurs judicieux conseils concernant les grands enjeux politiques du pays. Quant aux toutous bien vivants, ils savaient s’exprimer directement au sujet des nouvelles de l’heure par le frétillement modulé de leur queue.

De là à conclure que Mackenzie King s’est réincarné chez Milei, il n’y a qu’un pas, et même une papatte.

Impossible de nier désormais l’évidence : dans les deux hémisphères, on sait que Médor est le meilleur ami de l’homme politique célibataire.

LP