Saturday, June 26, 2021

Après Kamloops, Marieval en Saskatchewan (Canada), et de deux!

Le 26 juin 2021.

A murder without gleaming scissors is like asparagus without the hollandaise sauce – tasteless.

- Alfred Hitchcock.

Et voilà qu'on trouve une autre scène de crime(s), impliquant aussi l'église catholique.

Les 215 corps découverts à Kamloops n'étaient qu'un petit avant-goût des 751 sépultures anonymes découvertes il y a quelques jours près de l’ancien pensionnat pour Autochtones de Marieval. Ne sera surpris que qui veut. Comme la plupart des Allemands qui, dans les années 1940, ignoraient tout, mais vraiment tout, de l'existence de Mauthausen.

Si on entend les réactions indignées des personnalités politiques canadiennes, les paroles de contrition des autorités ecclésiastiques sont plus embarrassées, et nettement plus feutrées. Même pour l'as du marketing le pape François, ce petit problème de relations publiques appelle une réponse réfléchie; nul doute que le cardinal canadien Marc Ouellet fait en ce moment des heures sup'.

Une fois de plus, on pense forcément à ce héraut québécois de la religion qu'est le "filozof" catho, "holier-than-thou" Charles "Chuckie" Taylor. Ce prospère millionnaire, qui suinte et sent l'huile rance sur les plateaux de télé et à l'université McGill, est toujours prêt, sur un ton mélodramatique, à exprimer sa "honte", et à dénoncer le racisme imaginaire de la société québécoise.

Elle s'est débarrassée (difficilement) du totalitarisme chrétien; chose plus importante, elle a affranchi ses écoliers des calotins et des psychopathes à cornettes (pour plus de précisions à ce sujet, on ne saurait trop recommander deux films quasi-documentaires : "The devils" de Ken Russell et "Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot" de Jacques Rivette). Le Québec, cohérent, impose donc (encore que trop timidement) aujourd'hui des restrictions générales en matière de port de signes religieux à un trop faible nombre de fonctionnaires, dépositaires de l'autorité publique, pendant leurs 37,5 heures de service chaque semaine. En matière de martyres des croyants, on n'a pas encore tout à fait atteint le stade du bûcher sur lequel fut cuisiné Michel Servet sur ordre de Calvin à Genève.

Cependant, ces derniers temps, l'ineffable "Chuckie" Taylor conserve un silence assourdissant sur ces macabres découvertes. Son mutisme est aussi inébranlable en ce qui concerne les  manœuvres dilatoires de son église devant les tribunaux : on pense surtout aux actions judiciaires engagées par les victimes (enfin… par celles qui ont le toupet d'être encore en vie). Détail cocasse, l'oratoire Saint-Joseph de Montréal fait aussi poireauter les entreprises en bâtiments, dont certaines factures relatives à l'impressionnant chantier d’aménagement demeurent impayées. "Donnez. Le ciel vous le rendra", est-il pourtant promis sur son site. Ces impies de bâtisseurs, et de survivants, rechignent à se faire payer en prières…

La preuve est à nouveau faite que les oripeaux religieux, de manière générale et par définition, constituent non seulement un outil de propagande, mais un appel visuel, quoique non verbal, au crime, comme la swastika évoque les convois ferroviaires menant à Auschwitz et fleure bon le délicat parfum du Zyklon-B. Les objets religieux, en tissu ou autres, symbolisent et synthétisent une histoire. Nul besoin d'être un spécialiste de sémiotique pour comprendre cette évidence, mais les Taylor et consorts "ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, de peur qu'ils ne voient de leurs yeux, qu'ils n'entendent de leurs oreilles" (Mathieu 13:15).

Evidemment, on peut penser que, pour commettre leurs abus sexuels "proprement" dits (si on ose dire), les prêtres officiant dans les pensionnats pour Autochtones (et pas seulement), se débarrassaient de leur soutanes : déjà encombrantes pour sodomiser leurs petites victimes, a fortiori pour se faire administrer de visqueuses petites gâteries buccales. Par contre, elles ne les entravaient nullement dans le maniement de la ceinture, du fouet, et de divers instruments contondants.

Les maisons des horreurs de Kamloops et de Marieval nous enseignent donc que c'est au moins ça, la croix, la chasuble et la guimpe : des enfants martyrs, sacrifiés sur l'autel de la dépravation.

Et même les cadavres peuvent être des témoins un peu trop gênants, d'où leur enfouissement nocturne à la faible lumière d'un fanal, sous le sceau de l'anonymat, en toute discrétion… Bien sûr, les risques étaient minimes pour les assassins vu que le pouvoir séculier accordait systématiquement aux ecclésiastiques le bon Dieu sans confession, mais… pourquoi tenter le diable? L'église catholique est un tueur en série, série qui est sans doute loin d'être finie. Beau joueur, Jeffrey Dahmer, du fond de sa marmite infernale, exprime son admiration de petit artisan.

Dans chaque clerc, ou assimilé, il y a un Charles Manson qui dort, et qui se réveille trop souvent.

Que le 1er juillet soit un jour de deuil pour tout le Canada.

LP

 

Saturday, June 5, 2021

Canada : charnier à Kamloops.

Le 5 juin 2021.

 

En vérité, la vérité, il n'y a pas de vérité.

- Jean-Claude van Damme.

Pour mémoire, Kamloops n'est pas en Syrie, en Iraq, ou en république démocratique du Congo. C'est une jolie ville brittano-colombienne, au Canada, un paradis touristique, où se trouvait jadis, un pensionnat pour enfants autochtones. Manifestement, ont plutôt vécu l'enfer lesdits pensionnaires, comme en témoigne la découverte de 215 petits cadavres enfouis anonymement.

Oh surprise, cette institution était aussi administrée par Notre Sainte-Mère l'Eglise catholique. Le scoop.

Vu les macabres découvertes de charniers similaires, par exemple, en Irlande, on constate que le modus operandi des autorités catholiques est uniforme à travers le monde. Qui a dit que l'Eglise ne sait pas vivre avec son temps? Elle est passée du bûcher des hérétiques à l'exploitation économique et sexuelle d'enfants; un usage plus rationnel du matériel humain dont elle a la garde.

A noter que, au Canada, si les autorités ecclésiastiques étaient souvent chargées de la gestion de ces lieux pédagogiques, ils furent créés à l'initiative de Sir John A. Macdonald premier premier ministre canadien, qui trouva l'inspiration entre deux bouteilles de whisky. Sur le plan purement quantitatif, il faut avouer que le Canada fait belle figure en comparaison des Etats-Unis en matière de traitement des Autochtones : pas de général Custer pour "casser du peau-rouge"; on s'est contenté d'assimiler les Autochtones dans la mesure du possible et on est s'est borné aux discrètes pénétrations d'écoliers et d'écolières, par des protubérances naturelles ou, en cas défaillance des ministres du culte nonagénaires, par le goupillon lubrifié de Saint chrême, et aux furtifs et ponctuels assassinats nocturnes. Et les statistiques sont modestes au regard des exploits d'un Bachar El Assad. Sans oublier que les macchabées six pieds sous terre, c'est de l'engrais : l'armée de Pinochet n'avait pas compris que ne sont pas productifs les corps momifiés dans les murs.

Quand on se compare, est-on censé se consoler?

Incidemment, en matière d'extermination étatique, l'actualité des dernières semaines est riche.

On évoque le centième anniversaire du massacre de la "Black Wall Street" à Tulsa, en Oklahoma. Il ne faut cependant pas oublier que cette abomination fut l'apothéose en matière de pogroms subis par les Afro-Amércains au fil des siècles. Dans la Bible Belt, la vie ordinaire des rednecks était régulièrement ponctuée par des lynchages (pendaisons, grillades, charcutages…), parfois improvisés, parfois planifiés et annoncés à l'avance par le service des loisirs municipal dans les journaux locaux (hear ye, hear ye! at a municipal park near you!) Ces spectacles (Rated-G, sometimes Rated-PG) offraient une saine distraction dominicale après l'office à l'église baptiste, agrémentant les pique-niques et les ouailles pouvaient collectionner de belles cartes postales.

(Mais… les traditions se perdent… MAGA!)

A signaler aussi la reconnaissance, le 28 mai dernier, par les autorités allemandes, du caractère génocidaire du massacre de Héréros et des Namas de 1904 à 1907 en Namibie (ex-Sud-Ouest africain), avec la bénédiction de l'église luthérienne; cette opération servit de laboratoire dont les enseignements logistiques furent utiles à l'Allemagne trois décennies plus tard, notamment en ce qui concerne la technique des camps de concentration. Cette reconnaissance s'accompagne de la promesse d'un soutien financier de 1,1 milliard d'euros versés par l'Allemagne pour la reconstruction et le développement de ce pays.

En matière de génocides, culturels et physiques, on notera la belle convergence entre les différentes églises chrétiennes, catholiques et protestantes, unies dans l'oecuménisme.

Revenons au Canada et signalons notamment les quasi-lynchages d'Autochtones en milieu hospitalier qui sont monnaie courante. comme l'a révélé la mort atroce de Joyce Echaquan. Est fort judicieux le retrait de la statue de Sir John A. qui rendait hommage à ce suprémaciste blanc sans complexe à Charlottetown (Ile-du-Prince-Edouard). Elle trouvera la place qui lui convient dans un musée des horreurs.

Quant à l'église catholique canadienne, on attend patiemment que fientent les évêques leurs onctueuses - et gratuites - paroles de contrition. Mais nul besoin d'excuses, superfétatoires : elle fera plutôt dire quelques messes pour le repos des âmes autochtones, dont l'utilité sera éternelle. D'ailleurs, le vicaire du Christ pourra en célébrer à la basilique Saint-Pierre même. Et on envisagera des canonisations en prime. Vu que des recherches ultérieures dans le sous-sol des odorants jardins fleuris (et pour cause…) ayant enjolivé les pensionnats religieux dans tout le Canada risquent de faire pâlir le modeste chiffre de 215, on pourra même faire appel à la générosité du très chanoinesque philosophe canadien catho Charles Taylor, qui financera, du fond du cœur, à partir de ses deniers de Judas, une de ces messes au prix de groupe.

LP

PS. Heureusement qu'il y a quand même le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies, dont l'intégrité et le grand sens des priorités à l'échelle du globe ne sont plus à démontrer, pour rappeler à l'ordre l'Etat canadien et à l'appeler à la transparence en l'espèce.