Saturday, March 31, 2018

Pas d'excuses papales aux Autochtones canadiens martyrisés par l'Eglise.



Le 31 mars 2018.

Et Jésus dit : Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.
- Matthieu 19:14.

L'enfer, c'est les autres.
- Jean-Paul Sartre.

Même la sommité ès marketing qu'est notre Saint-Père le pape a ses limites : il ne daignera pas s'adresser aux victimes de notre Sainte Mère l'Eglise, sous le fallacieux prétexte qu'il n'est pas en mesure de présenter des excuses "personnelles", ce que personne ne lui avait demandé. Bien au contraire, on avait espéré une contrition institutionnelle, comparable à celle du chancelier allemand Willy Brandt, un antinazi de toujours, qui en 1970, a demandé pardon à genoux devant le mémorial des morts du ghetto de Varsovie au nom de son pays.

De toute manière, cette (non-)réaction était prévisible, vu, par exemple, le silence méprisant de feu Mgr. Turcotte, archevêque de Montréal, à l'égard des orphelins de Duplessis, et, très récemment, le soutien colérique de François au père chilien Fernando Karadima. Il n'y a que les ingénus, vrais et faux, pour se déclarer déçus, notamment, le chef boy-scout canadien Justin Trudeau. C'était faire abstraction des conséquences juridiques (et notamment financières…) auxquelles peut donner lieu, devant la justice séculière, tout aveu de culpabilité. Déclarer sa tristesse, promouvoir des soins psychologiques, recevoir même au Vatican quelques victimes bien sélectionnées pour d'émouvantes séances de prière (soigneusement orchestrées… benoîtement par Herr Ratzinger), tout cela est sans danger sur le plan judiciaire et permet au Saint-Siège, d'assurer… ses (propres) arrières.

Finalement, la (re)culade du pape est sans doute préférable. Qu'auraient valu les excuses de façade du chef d'un syndicat du crime? Au moins, on a la preuve supplémentaire que la "volonté de changement" proclamée par le pape n'est que poudre aux yeux, qui n'a aveuglé jusqu'à présent que les gogos, notamment les trop nombreux journalistes qui n'ont pas souvent les yeux en face… des trous.

Cinq ans après avoir pris la tête d'une institution dont les prélats ont été libres de déchirer les rectums d'enfants sans défense à travers le monde pendant des siècles, dans des iglous ou sous les cocotiers, et de les forcer à communier sous une troisième espèce giclante et visqueuse ("buvez, car ceci est mon sperme"), le Saint-Père, en présence des caméras de télévision, continuera à donner de baveux bisous aux enfants et parfois en inviter un de temps à autre à faire un petit tour de papemobile sur la place Saint-Pierre.

Concluons sur une note plus consolatrice, voire joyeuse, pour les Autochtones canadiens, surtout ceux qui gardent la foi, et notamment les Inuits de tous les sexes de la Basse-Côte-Nord du Québec qui ont goûté aux sensuelles câlineries du missionnaire belge Alexis Joveneau.

Le journal italien La Repubblica rapportait jeudi des propos de François mettant apparemment en doute la réalité même du châtiment suprême :l'enfer. Ce développement doctrinal audacieux semblait de prime abord plausible, vu le contexte.

(En effet, rappelons que la commission théologique internationale du Vatican a conclu en 2007 qu'il existe "des bases théologiques et liturgiques sérieuses pour espérer que, lorsqu'ils meurent, les bébés non baptisés sont sauvés" et que l'idée des limbes reflète "une vision trop restrictive du salut". Dieu est miséricordieux et "veut que tous les enfants soient sauvés". Evidemment, ces éminents théologiens ont cependant souligné que cet  avis se fonde "sur une pieuse espérance" plus que sur "une certitude avérée". En 1984, le cardinal Joseph Ratzinger, grand inquisiteur, s'était déjà déclaré partisan "à titre personnel" de l'abandon de "l'hypothèse" de l'existence des limbes. Cela dit, cette remise en question, même prudente, de la logique augustinienne avait de quoi troubler plus d'un fidèle par son laxisme.)

Alors, quid de l'enfer?

On respire en apprenant que les paroles du Saint-Père ont été déformées par un journaliste athée, Eugenio Scalfari, qui a utilisé les guillemets de manière trompeuse. Le site du Vatican confirme, en citant directement son catéchisme officiel, cette réalité objective qu'est "l'existence de l'enfer et son éternité"; en outre, (qu'on se le dise!) "les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l'enfer".

Les proies sexuelles de l'Eglise sont donc bien fixées : les marmites de Benoît XVI et de Sa Sainteté François sont déjà prêtes.

Sans oublier évidemment celle du père Joannes Rivoire qui, après avoir aussi dorloté pendant plusieurs années les fillettes inuit (mais pas les garçons selon l'intéressé, ce qui relativise ses peccadilles), fut "exfiltré" vers la France par sa hiérarchie, suivant une vieille tradition catholique (dont bénéficia notamment Adolf Eichmann pour se rendre en Argentine après 1945). Il est toujours visé par un mandat d'arrêt lancé en 1998 par la Gendarmerie Royale du Canada, mais il coule aujourd'hui une paisible et serine retraite chez les Oblats à Strasbourg.

Mgr Turcotte et le père Joveneau les attendent.

Joyeuses Pâques à tous!

LP

Wednesday, March 28, 2018

La liberté d'expression de nouveau piétinée par la Cour de cassation française.



Le 28 mars 2018. 

Hiroshima est un détail de l’histoire aérienne de la guerre.
- Jean-Marie Le Pen.

Et rebelote!

En France, le maître du bon mot à la Sacha Guitry, Jean-Marie Le Pen, qui avait à nouveau qualifié les chambres à gaz nazies de "détail" de l'histoire de la seconde guerre mondiale en avril 2015, est confirmée par la haute juridiction dans un arrêt qui vole très bas.

Il résulte d'une procédure engagée par des magistrats qui ne reculent pas à la dépense (à partir des fonds publics) quand sont en cause des négationnistes, mais qui sont un peu plus timorés quand il s'agit, notamment, de leurs petits copains : on pense, par exemple, aux Fabrice Burgaud. Et même - et surtout - un juge faussaire, comme Jean-Pierre Munier, expert ès pièces antidatées, peut alors voir, à son propre procès pénal, ses collègues procureurs se métamorphoser en… avocats de la défense, rétribués par l'Etat.

Pendant que, aux termes d'une loi scélérate, l'on s'acharne sur un Le Pen, qui ne fait qu'exercer sa liberté de parole, il y a des trafiquants de stupéfiants et des fraudeurs fiscaux, ayant le champ un peu plus libre, qui s'esbaudissent. La multitude de condamnations dont a écopé par le passé le fondateur du Front national démontre que la répression n'a nul effet dissuasif. Au contraire, elle est incitative, car toutes les amendes payées sont passées tout simplement, dans son budget, au poste "frais de publicité électorale", en toute légalité. Avec ce dernier développement, les 30 000 euros dus en vertu de l'arrêt du 27 mars 2018 seront comptés par l'intéressé au titre de la promotion de ses mémoires. Une magnifique contribution à la littérature mémorialiste française, d'esprit saint-simonien.

Evidemment, tout soupçon de collusion entre "le fils de la nation" et la magistrature serait non seulement malséant, mais inimaginable.

Chose certaine, ce dernier acte de censure judiciaire ne passera pas à l'histoire du droit comme un "point de détail" en matière de libertés publiques.

LP

Friday, March 23, 2018

Une enfant de 16 ans est condamnée à 8 mois de prison en Cisjordanie.

Le 23 mars 2018.



Tu suivras ponctuellement la justice afin que tu vives et que tu possèdes le pays que l'Eternel, ton Dieu, te donne..
- Deut. 16:20.

Il est des heures de mensonge où toute condamnation est un honneur.
- Bernard Faÿ.

La condamnation d'Ahed Tamimi résulte d'un plaidoyer de culpabilité (très) librement "négocié" entre la défense et les procureurs militaires israéliens…

Cette menaçante activiste avait eu l'outrecuidance de frapper et de bousculer deux soldats, avec ses petites mains et ses petits pieds. Une scène quotidienne et banale dans les territoires occupés, et qui n'attire en principe pas l'attention des autorités, lesquelles ont en principe d'autres chats à fouetter. Pourtant, ce n'est qu'après que la maman d'Ahed eut largement diffusé son vidéo de cet incident que leur hiérarchie découvrit, avec horreur, plus sinistre que des terroristes : des terreurs. Qui auraient mis en émoi la bande de Ma Barker.

Les procureurs, ardents garants de l'ordre public, décidèrent donc de brandir un impressionnant arsenal de douze charges contre la vilaine gamine.

Comme par hasard.

(La vidéaste fut aussi poursuivie et écope, au final, de la même peine.)

Il va sans dire que la qualité d'icône de la résistance palestinienne de la jeune Ahed n'a eu nulle influence sur l'exercice des poursuites; le ministère public, et les juges militaires, ne voient que la lettre de la loi, qu'ils appliquent équitablement… notamment en matière de détention provisoire, qu'il s'agisse de terroristes en herbe ou de colons à la kippa tricotée tabassant ou abattant à vue des Palestiniens…. (Ironie savoureuse: en l'espèce, le juge avait ordonné le huis clos au motif que… l'accusée est mineure!)

Et dire que des âmes sensibles viennent maintenant pleurnicher sur le triste sort de cette vilaine fifille pour 8 petits mois dans une geôle israélienne! Alors qu'en Syrie elle aurait été gazée au sarin; ou découpée en rondelles à la machette si elle avait vécu en république démocratique du Congo; ou encore violée et/ou abattue (pas forcément dans cet ordre) par des policiers municipaux aux Etats-Unis (enfin… peut-être pas, vu qu'elle est blanche et blonde).

Quelle ingratitude.

Quand on compare, on se console. Obligatoirement. Même et surtout en Cisjordanie occupée.

Voilà deux condamnations qui serviront d'exemple très dissuasif aux yeux de la population palestinienne… Maintenant que ces deux chipies ont eu leur leçon, tout est rentré dans l'ordre. Une brillante réussite sur le plan des relations publiques et de la pédagogie pour Tsahal!

En outre, cette passionnante saga judiciaire est le signe que le terrorisme a pratiquement disparu dans cette région du monde, puisque les autorités militaires israéliennes, oisives, sont prêtes à affecter du temps, de l'énergie et des ressources à la poursuite d'une enfant. (Faut être sec avec les jeunes).

Sans oublier les 350 autres mineurs palestiniens détenus. Parfois plus jeunes que les survivants de la tuerie de Parkland.

LP

Monday, March 5, 2018

"Diffusion d'images violentes" : l'inquiétante mise en examen de Marine Le Pen.



Le 5 mars 2018. 

Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de
ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de
répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par
quelque moyen d'expression que ce soit.
- Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme

Un bon croquis vaut mieux qu'un long discours.
- Napoléon.

En France, en décembre 2015, en réponse à un journaliste qu'elle accusait d'avoir « fait un parallèle » entre l'État islamique et le Front national, Marine Le Pen affiche sur son compte Tweeter des photos d'exactions commises par Daech avec la mention "Daech c’est ça !" Le 1er mars 2018, elle est mise en examen pour "diffusion d'images violentes". (En janvier, le député Gilbert Collard avait été mis en examen pour le même motif.)
                               
Selon l'article 227-24 du Code pénal :

Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine ou à inciter des mineurs à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger, soit de faire commerce d'un tel message, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur.



Il est de prime abord étonnant de voir brandie contre une personnalité politique, qui ne fait qu'approfondir le débat politique devant l'opinion publique, une infraction essentiellement conçue pour protéger les mineurs des affres de la pornographie et/ou de la violence. La présidente du Front National est donc victime d'une violation manifeste de l'esprit de ce texte, confirmé par les travaux préparatoires. Mais quid de la lettre?

On concèdera volontiers que, en 2015, les 3 photos affichées par madame Le Pen étaient "susceptibles d'être vu[es] ou perçu[es] par un mineur" dans la mesure où rien n'était plus inaccessible à qui ce soit vu la généralisation d'Internet! Cet élément de l'infraction, entrée en vigueur en 1992, au millénaire dernier, est aujourd'hui touchant de naïveté…

(On pourrait éventuellement opérer une distinction entre "affichage" et "diffusion", mais, par esprit de charité envers le magistrat instructeur, pour l'instant, on lui accordera magnanimement l'équivalence de ces deux notions).

Cela dit, l'on ne peut sérieusement voir dans l'affichage de ces 3 photos, surtout au regard du commentaire les assortissant, une "incitation" quelconque au terrorisme. Au contraire, le "message" qu'elles portent en est un de dissuasion, de dénonciation inéquivoque au minimum d'un certain terrorisme, d'actes qui eux, précisément, portent atteinte à la dignité humaine. Madame Le Pen n'incite ni les mineurs (ni les majeurs) "à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger". Enfin nul commerce n'est en cause en l'espèce.

Tout étudiant ayant suivi le cours de base en droit pénal sait qu'il est impératif que soient réunis tous les éléments de l'infraction. La simple "diffusion d'images violentes" (même si elle est de mauvais goût), n'est pas, en elle-même, susceptible de sanctions.

Nul ne fut étonné de la levée politicarde de l'immunité parlementaire de la députée Le Pen à ce sujet par ses ennemis au Palais Bourbon et au Parlement européen.

Mais on assiste - sans surprise - à une violation supplémentaire de la liberté d'expression et notamment, chose encore plus troublante, d'une entrave de l'exercice du droit de réponse, appuyé par des documents audio-visuels d'autant plus percutants qu'ils sont authentiques, et ce, par certains magistrats qui ne semblent pas s'encombrer outre mesure du sens objectif des textes légaux. Au pays de Fabrice Burgaud et de la répression du négationnisme, voilà qui n'est peut-être pas de nature à rassurer totalement les sceptiques quant à l'intégrité et l'indépendance de la justice française en général, et en particulier en ce qui concerne les autres enquêtes et procédures visant les élus du Front national, qui pourraient voir, en outre, dans cette mise en examen, le fruit amer d'une "poursuite (très) sélective" (le droit comparé enseigne notamment que la "selective prosecution" constitue une rupture du principe d'égalité devant la loi aux Etats-Unis).

Cependant, que l'on se rassure. La liberté d'expression n'a pas complètement disparu en France.

Le téléspectateur ne sera pas privé de documentaires historiques sur les atrocités nazies, notamment médicales (quel dommage que la couleur ait été si rare à l'époque); les chaînes de télévision demeurent libres de diffuser au journal télévisé les vidéos d'enfants syriens monstrueusement brûlés et empoisonnés avec du sarin ou du chlore et agonisant dans d'interminables convulsions (en couleurs!) et les éditeurs de publier les œuvres du marquis de Sade ou "La colonie pénitentiaire" de Kafka. (Le décès du regretté prince des lettres Gérard de Villiers a mis fin à ses quasi-reportages, mais ses quelque 200 titres demeurent des classiques en vente libre). Par ailleurs, les parents peuvent continuer, en toute quiétude, à faire la lecture le soir à leurs enfants confortablement bordés dans leur lit du "Petit poucet" et du "Petit chaperon rouge"; leurs chers bambins pourront même jouer à l'ogre et au grand méchant loup dès le lendemain.

Et les cinéphiles avertis attendent la prochaine projection de "Massacre à la tronçonneuse" ("The Texas Chainsaw Massacre" en v.o.) dans toutes les bonnes salles d'art et d'essai. (Le chef d'œuvre de 1974, bien entendu, aussi en couleurs, pas le remake de 2003.)

LP

PS. Et voici deux petites gâteries pour tous les esthètes, petits et grands!