Monday, November 16, 2015

Le 16 novembre 2015. La barbarie frappe Paris.



Certains jours, j'ai rêvé d'une gomme à effacer l'immondice humaine.
- Louis Aragon

128 morts et 300 blessés dont 90 graves, victimes du fanatisme islamique.

Un nouveau record de l'horreur pour la ville-lumière, lequel, apparemment, bat celui du 17 octobre 1961, lorsque furent - discrètement - massacrés par les forces… de l'ordre des dizaines d'Algériens musulmans qui manifestaient pacifiquement dans la capitale française (on ne saura jamais les chiffres exacts, et pour cause); était alors préfet de police Maurice Papon, comptant dans ses glorieux états de service sa collaboration avec l'occupant nazi de 1942 à 1944.  

En cette belle nuit d'automne, l'esprit de Guillaume Apollinaire aperçut plusieurs cadavres basanés voguer tranquillement sur la Seine, sous le pont Mirabeau…

Quant aux attentats commis le vendredi 13 dernier, sur la scène internationale, les expressions de solidarité avec le peuple français ne se sont pas fait attendre. En particulier, au Québec, on avait la larme à l'œil en entendant l'émouvante, et justifiée, dénonciation de cet ignoble terrorisme par le grand chambellan de la province, Philippe Couillard de l'Espinay et son appel à la prise de mesures drastiques contre les monstres de Daech.

Pour autant, on peut s'étonner de ne pas avoir entendu, à ce jour, de la part de ce vibrant chantre de la démocratie, une toute aussi virulente dénonciation de ses ex-employeurs, la famille royale de l'Arabie saoudite, sur les ordres de laquelle l'on interdit aux femmes de conduire une voiture, l'on fouette, ampute, lapide et décapite allègrement les libre-penseurs et défenseurs de la liberté de parole et autres criminels, sans oublier les dangereux criminels coupables de sorcellerie…

"Cheikh" Philippe, dont l'appui… moral prodigué à "Médecins sans frontières" a toujours été indéfectible, qui, nous assure-t-il, n'est plus sur la liste de paye du ministère de la santé de Daech "light", a évidemment moins de raisons de s'exprimer sur ce qui s'y passe: ne sont touchés que les sujets saoudiens, et les massacres d'Etat s'y déroulent à l'abri des caméras étrangères.

A Riyad, en 2015, comme à Paris en 1961, les pouvoirs publics, eux, sont moins friands des feux de la rampe.

LP



Tuesday, November 10, 2015

Le 11 novembre 2015. Rona Ambrose devient chef par intérim du parti conservateur du Canada.



A man is not defeated by his opponents but by himself.
Jan Christiaan Smuts.

Foolery, sir, does walk about the orb like the sun, it shines everywhere.
- William Shakespeare, Twelfth Night.

Proverbe pour les puissants: Si quelqu'un te lèche les bottes, mets-lui le pied dessus avant qu'il ne commence à te mordre.
Paul Valéry.

Voilà qui symbolise la réalité du parti réformiste, pardon, conservateur. Le plupart de ses adeptes sont des rednecks unilingues anglophones, les autres maîtrisent le portugais et l'espagnol - comme Rona - ou encore l'ukrainien et l'islandais.

Une belle récompense pour les électeurs québécois qui ont permis à ce parti aux prétentions nationales de faire leurs rares gains lors des dernières élections fédérales.

En effet, on constate que c'est dans les régions rurales de la belle province profonde comptant un certain nombre de grands amateurs de chasse au gibier du dimanche, et dans les circonscriptions à plus grande densité urbaine, toutes assez homogènes sur le plan ethnique et donc épargnées par le renouvellement génétique et le brassage intellectuel, que sa propagande raciste, peu "codée", a trouvé écho. Le "coup monté" des Néo-Canadiennes niqabées y a produit l'hystérie escomptée.

En outre, le message économique simpliste a été bien accueilli dans ces contrées de petits boutiquiers plus ou moins héritiers - sans le savoir, ça va sans dire - de l'idéologie poujadiste en France : le chant des sirènes des baisses d'impôt les a rendu sourds à cette vérité que, pendant les 10 ans de règne des créationnistes, pardon, des conservateurs, ils ont, au final, financé leurs propres concurrents de grande taille qui, eux, ont bénéficié de subventions plus ou moins occultes, d'abattements fiscaux préférentiels et surtout, de la providentielle inertie de Revenu Canada qui a facilité la dissimulation de leurs profits dans des paradis fiscaux, comme les Iles Cayman. Dans l'imaginaire de ces fébriles exploitants de commerce de détail - beaucoup plus souvent sous l'impitoyable et minutieuse loupe des vérificateurs au service de la cagnotte publique - les bas taux d'imposition se traduisent automatiquement par de plus abondantes liquidités dans leurs poches.

Pourtant, il n'y a pas de plus chauds partisans de l'interventionnisme économique de l'Etat, de plus avides assistés sociaux, que les marchands de canons, surtout ceux qui vendent au prix fort leur camelote à un gouvernement entretenant des amitiés très particulières avec eux.

(Evidemment, pour faire bonne mesure, le raz-de-marée libéral dans les provinces de l'Atlantique prouve qu'il fallait avoir l'intellect d'un crustacé pour s'imaginer que Trudeau II, à la cervelle d'oiseau, dirigerait lui-même le Canada.)

Qu'à cela ne tienne : le caucus pétrolier, pardon, conservateur, de Rona, who, apparently, can type, compte désormais un grand total de 12 fous du roi, correction, de la reine, québécois.

LP





Thursday, November 5, 2015

Le 5 novembre 2015. "Que Dieu me vienne en aide".



The show must go on.
- Queen.

They say the world has become too complex for simple answers. They are wrong.
- Ronald Reagan.

Tel est l'appel lancé aux forces supérieures par Trudeau II, le nouveau monarque du septentrional Royaume du Canada lors de son couronnement, pardon, de son assermentation le 4 novembre. Il singeait ainsi le "So help me God" que l'on entend lors des inaugurations présidentielles aux Etats-Unis.

Pourtant, même dans ce pays, contrairement à une certaine mythologie, la formule religieuse n'est pas obligatoire. L'article II de la Constitution des Etats-Unis, dans lequel se trouve le texte complet du serment que doit prononcer le nouveau président lors de son entrée en fonction est limpide : l'on trouve le verbe "swear", mais "affirm" est aussi licite; et surtout, la supplique adressée directement au divin en est absente.

A Ottawa, l'hypocrisie de la prestation de serment sur des livres sacrés perdure, mais Justin vient d'en remettre une couche. Peut-être s'avoue-t-il ainsi le féal des seigneurs régnant sur les rives du Potomac? Par contre, au pays de Voltaire et de Diderot, où la séparation de l'Eglise et de l'Etat ne souffre nulle entorse, les présidents n'ont que faire des désuètes incantations aux relents de superstition : il va de soi que le chef de l'Etat doit respecter la loi comme tout un chacun.

Les électeurs canadiens athées ou agnostiques se consoleront de cette insulte en se rappelant que, contrairement au nauséabond spectacle offert au quotidien par l'assemblée nationale du Québec, l'infâme crucifix duplessiste ne surplombe pas le président de la chambre des communes.

Si le clone de Tom Cruise vient de décrocher le rôle principal de jeune premier - on ne peut rêver plus belle consécration que voir la famille Trudeau faire la couverture de "Paris-Match" -, la nomination de Stéphane Dion aux affaires étrangères est éloquente. L'ex-chef du parti libéral, fédéraliste moins sceptique que son père, à la fréquente moue d'enfant boudeur, et dont l'anglais est approximatif, était la personne la plus compétente pour encadrer l'ex-professeur d'art dramatique.

Les Canadiens lucides savent qui est dorénavant le réalisateur et scénariste du film.

LP