Sunday, October 15, 2023

“Liberté” d’expression en France : la langue fourchue de Gérald Darmanin.

Le 15 octobre 2023.

Chaque fois qu'une voix libre s'essaiera de dire, sans prétention, ce qu'elle pense, une armée de chiens de garde de tout poil et de toute couleur aboiera furieusement pour couvrir son écho.
- Albert Camus.

Jeudi matin dernier, le ministre de l’intérieur faisait cette déclaration de simple bon sens en ce qui concerne les demandes de manifestations d’associations pro-palestiniennes : 

“Si c'est pour la cause palestinienne, c’est une cause respectable. D’ailleurs la France a toujours considéré et je considère qu’il faut deux états, un israélien et un palestinien. Mais si c’est une manifestation de soutien au Hamas, ou de soutien à l’action qu’ont faite une partie des Palestiniens contre Israël, c’est non".

Manifestement, à l’intérieur de son crâne, il avait l’esprit encore embrumé de sommeil, n’ayant pas eu le temps de prendre son petit café, car, en fin d’après-midi, il renversait la vapeur et donnait l’ordre d’interdire toutes les manifestations propalestiniennes prévues pour le lendemain! La cause n’était donc plus respectable et elles étaient devenues (par sortilège maléfique d’un djinn sorti de sa lampe?), “susceptibles de générer des troubles à l’ordre public”. Avant même cette consigne, l’autorité judiciaire avait d’ailleurs systématiquement interdit de telles manifestation en France, refusant chaque fois de constater “une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés d’expression, de réunion et de manifestation” vu les “risques de violence”.

Deux poids, sans mesures : l’amalgame était ainsi fait entre le Hamas et la totalité de la population civile palestinienne, en dépit, notamment, des objurgations du président américain Biden : 

“We can't lose sight of the fact that the overwhelming majority of Palestinians had nothing to do with Hamas, and Hamas's appalling attacks. And they're suffering as a result as well.”

(On notera que les manifestants, prétendus “fauteurs de trouble”, qui ont bravé ces interdictions, l’ont fait pacifiquement, ce qui a évidemment mis en rage le prophète de malheur et prétendant au trône de Macron premier, Darmanin).

Les observateurs nord-américains qui s’étonneront de la docilité des tribunaux administratifs français face à une flagrante violation de la liberté d’expression se souviendront que, en matière de libertés publiques, ce pays est très retardataire et peu voltairien; nul n’est prophète en son pays. En outre (et on ne le répétera jamais assez), la France est la patrie du juge Fabrice Burgaud, d’Alain Mafart et de Dominique Prieur, et des suicidés maladroits qui ont besoin de 5 balles.

Ce même vendredi, sur l’autre rive de l’Océan atlantique, au Québec, quel contraste. Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, et la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, ont reconnu l’évidence : le droit des partisans de la cause palestinienne à manifester librement, tant qu’il n’y a pas incitation à la haine et à la violence.

Et nul drapeau du Hamas ne fut brandi à Montréal.

Qui dit mieux?

Mais si seulement la ministre des affaires étrangères canadienne Mélanie “Clint” Joly avait pu darder de son regard au laser (qui a récemment foudroyé son homologue chinois) le chef du Hamas, Ali Qadi... Le cours de l’histoire en eût été changé.

LP

 

Tuesday, October 10, 2023

Avant-goût d’apocalypse à Gaza.

 Le 10 octobre 2023.

Le processus de paix ressemble à une nuit de noces dans un champ de mines.
- Shimon Peres.
 
Dis : Ainsi parle le Seigneur : Les cadavres des hommes tomberont sur la face de la terre comme du fumier, et comme les javelles derrière le moissonneur, et il n'y aura personne pour les relever.
- Jérémie 9 : 22. 


Samson dit : Que je meure avec les Philistins!
- Juges 16 : 30.

Il n’y a pas de guerre propre, et le terrorisme apporte sa petite touche d’horreur supplémentaire aux conflits.

L’armée israélienne avait déplacé de nombreux pions de la bande de Gaza vers la Cisjordanie afin d’y prêter main-forte aux colons messianiques. On ne peut pas être à l’eau et au moulin.

Samedi dernier, le Hamas a profité de la brèche pour mener son attaque contre Israël. Les victimes des terroristes (ce serait un répugnant abus de langage de parler de “combattants”) sont surtout des civils; même les enfants et nourrissons deviennent des otages, capturés chez les familles kibboutzniks animées par des idéaux progressistes et comprenant mieux les souffrances des Palestiniens. Est particulièrement révélateur le massacre perpétré de sang froid au festival musical de Réim : 250 morts parmi les jeunes participants. La métaphore du chef des jeunesses hitlériennes, Baldur von Schirach, qui se vantait de sortir son pistolet au seul son du mot “culture”, est devenue réalité.

Cela dit, le ministre de la défense israélien de la défense Yoav Gallant décrète un blocus complet sur le township de Gaza : pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de gaz pour toute la population. Cette mesure s’inscrit dans une classique et chirurgicale stratégie de représailles, qui constitue, incidemment, la meilleure publicité pour le Hamas dans ses campagnes de recrutement du Hamas chez les jeunes Gazaouis désoeuvrés; rien de mieux pour regarnir son stock de chair à canon. Le ministre justifie ainsi cette décision:  “Nous combattons des animaux”.

Il faut croire que cette catégorie englobe les 2,3 millions de Gazaouis englués dans ce cloaque à ciel ouvert.

Bien sûr, le Hamas est l’entreprise religieuse upstart, le Frankenstein soutenu à ses débuts par Israël, selon l’adage “diviser pour mieux régner”, afin de concurrencer et affaiblir la plus laïque OLP de Yasser Arafat de jadis : il était alors impensable de négocier avec des “terroristes”... Mais il serait malséant d’y puiser aujourd’hui une consolation, ou un argument quelconque.

Il est des sinistres jeux d’échecs politiques qui ne font que des perdants. La partie continue. Mais il y a une lueur d’espoir au bout des tunnels de Gaza.

Ramzan Kadyrov, président de la république tchétchène, lance un émouvant appel à l’arrêt de la guerre et se déclare prêt à dépêcher une force de maintien de la paix en Palestine.

LP