Friday, March 13, 2015

Le 14 mars 2015. Au lac Saint-Jean, haro sur les intellos et les négros!


Nous, Canadiens français, nous sommes issus d'une longue tradition d'ignorance et de pauvreté, tradition que nous devons conserver.
Antoine Rivard (1942).


Les intellectuels se font rares chez les croyants. Dans l'Eglise catholique, on ne compte plus beaucoup de Jean Guitton et de Jacques Maritain.

Pourtant, jusqu'à une époque récente, une saine éducation catholique comportait malgré tout un minimum de formation en philosophie, même si elle était conçue comme la servante de la théologie.

Le très catholique maire de Saguenay, Jean Tremblay, qui s'accroche aux prières lors des séances du conseil municipal, et au maintien du crucifix à l'assemblée (dite) nationale, au mépris des citoyens non-catholiques et athées (notamment des métèques au patronyme "imprononçable"…), vient de faire la preuve que la foi contemporaine se réduit désormais à celle du charbonnier (lequel manie d'ailleurs une matière énergétique anti-écologique). Sont entièrement légitimes des débats sobres et fondés sur des données scientifiques avec Greenpeace en matière d'exploitation forestière, mais le maire révèle ses vraies couleurs (à l'exclusion du vert, cela va sans dire) lorsqu'il s'en prend, de manière générale, aux "intellectuels de ce monde".

Rien que ça.

Voilà ce qu'on appelle ratisser large et faire feu de tout bois.

Ses diatribes rappellent la doctrine de Maurice Duplessis (qui, incidemment, bradait le minerai de fer québécois aux compagnies minières étrangères), reprise ultérieurement par nul autre que… Pierre-Elliott Trudeau pour fustiger ses contradicteurs (dans un langage plus châtié toutefois). Tout cela évoque plus ou moins vaguement certains théoriciens allemands des années 30, sans oublier les Khmers rouges après 1975. Détail savoureux: Philippe Couillard de l'Espinay, qui se pique de citer à l'occasion les philosophes grecs, a pleinement soutenu le maire Tremblay en s'en prenant uniquement à Greenpeace; manifestement, le premier ministre, "bleuet" d'adoption au titre de député de Roberval, ne se sent pas visé par la haine vouée aux fumeux esprits par le chef de harde saguenéen…

Il ne faut sans doute pas trop s'étonner que ce soit dans les solitudes septentrionales glacées du Québec que ce genre de discours persiste en 2015. Tel est le fertile terreau où a éclos il y a peu la "Fédération des Québécois de souche" arborant fièrement le slogan suivant: "0% Halal, 0% Casher, 100% Québécois" et proclamant triomphalement Saguenay "ville blanche". Pour autant, comme vient de l'expliquer le coloré maire Tremblay avec la suavité qui le caractérise, dans sa région, "il y a des gens qui travaillent comme des nègres". Sans doute une parabole inspirée par la "grande noirceur" duplessiste.

L'on peut utilement rappeler que le bassin génétique des Saguenéens est des plus primitifs (c'est la triste rançon de la reproduction en vase clos), et cela est aussi illustré par le soutien du maire de la ville voisine, Dolbeau-Mistassini, qui qualifie les écologistes en général de "terroristes" (sic) et Greenpeace en particulier de "groupe intégriste" (sic).

On peut même se demander si le nom de jeune de fille de la mère du maire Tremblay était également Tremblay.

Chose certaine, les imprécations de ces deux maires, élus triomphalement par la faune locale, semblent confirmer l'actualité des observations d'Oliver Wendell Holmes, juge à la Cour suprême des Etats-Unis, qui déclarait en 1927 à l'occasion d'une affaire de stérilisation obligatoire de rednecks faibles d'esprit (qu'il nous soit pardonné ce pléonasme) en Virginie (Buck v. Buck) : Three generations of imbeciles are enough.

En ce qui concerne les pedzouilles du lac Saint-Jean, cette solution, idéale en théorie, risque de poser des difficultés pratiques d'application, mais le législateur devrait au moins envisager, à titre de compromis, d'imposer l'interdiction de rapports sexuels avec un partenaire provenant de leur propre (si l'on ose dire) région (ainsi que d'Hérouxville, cela va de soi). Ce critère géographique devrait suffire car sanctionner les copulations, consenties ou non, entre frères, sœurs et cousins serait redondant en l'occurrence.

A court terme, puisque le printemps arrive dans quelques jours, on peut penser que le premier magistrat de Saguenay organisera au centre-ville un feu de joie et brûlera les ouvrages écologistes, en commençant par le "Silent spring" de Rachel Carson.   

Et fera dire des messes pour la damnation des écologistes et autres sataniques intellectuels de ce monde. Les anathèmes primaires résonneront majestueusement de la chaire de la cathédrale Saint-François-Xavier.

LP